Il y aura sûrement peu de détenteurs du Gold Fantasy Trophy pour ce major. Prédire les éliminations de fnatic, VP et TSM en 1/4 de finale, l'arrivée de Na'Vi en finale ou encore le parcours incroyable de Gamers2 relevait de l'impossible. La DreamHack Cluj-Napoca devait rester dans les mémoires comme le major le plus ouvert, où les quatre meilleures équipes du monde (EnVyUs, fnatic, VP, TSM) devaient se faire face. Finalement, on s'en souviendra comme étant le tournoi des surprises, des victoires inattendues, et surtout de la fin du règne le plus prolifique de l'histoire de CSGO. Et pour nous, francophones, comme le deuxième succès d'une équipe française en major.
EnVyUs sur le toit du monde
L'histoire de CSGO avait oublié de donner à l'un de ses meilleurs joueurs, peut-être son meilleur sniper, un titre digne de ce nom. Elle a réparé son erreur et a fait rentrer kennyS et apEX dans le cercle des joueurs vainqueurs de major.
L'arbre d'nV s'annonçait compliqué : fnatic, puis Virtus.Pro, et enfin TSM pour finir. Mais il n'en a rien été : fnatic, Gamers2 et Na'Vi, voilà les adversaires dont les Français ont dû se défaire. Et ça n'a pas été facile, loin de là. Mené à chaque fois 1-0 en 1/4 puis en 1/2, sauvant trois rounds de matchs contre Gamers2, nV a résisté à tout pour aller soulever le plus beau des trophées.
Sous-estimer Na'Vi en finale aurait été une grossière erreur. Les Ukrainiens ont donné plus que du fil à retordre sur Train, et la map aurait pu tomber chez l'un comme chez l'autre. Sur un ultime 1vs1 gagné par kenny, elle basculait finalement dans le camp français, embarquant avec elle toute la finale tellement la seconde map fut une formalité.
On les disait fragiles mentalement après la finale perdue à Cologne, jouant trop sur la confiance, les nV ont répondu de la meilleure des façons lors de cet événement. Effacé le 3-15 de kenny sur Cbble face à fnatic, il finit top fraggeur de la finale avec 43 kills. apEX pas présent dans les grands matchs ? Il s'est fait une joie d'ouvrir la défense des Na'Vi au gun round sur Cbble, 4 kills, pour mettre son équipe sur la voie. Ajouter à cela la régularité de NBK et de kioShiMa, le talent d'Happy, et personne ne viendra dire qu'EnVyUs a volé sa victoire.
Na'Vi, l'opportunisme incarné
Na'Vi est une équipe toujours présente, mais qui gagne rarement. Solidement installés derrière le top4 monde, les Ukrainiens ne se privent pourtant pas de l'emporter lorsque les quatre de devant se ratent. Pour preuve, leur titre de champion du monde obtenu en juillet à Montréal, en allant gagner l'ESWC. Alors évidemment, lorsque l'arbre a été tiré, les troupes de Zeus ont senti le coup. Lorsque NiP a sorti TSM, cela s'est précisé. Na'Vi avait un énorme coup à faire. Ils y sont presque parvenus.
Néanmoins, résumer le parcours de Na'Vi a un simple tirage au sort chanceux serait bien malpoli. Pas flamboyants en poules, sortant CLG 2-1 pour se qualifier, les joueurs de l'est se sont transformés dans l'arbre. Une victoire solide contre Luminosity, 16-14 16-13. Une humiliation infligée à NiP, 16-3 16-6, avec un Guardian stratosphérique qui finit à 49-15, plus de 3 de ratio en demi-finale d'un major !
Restait la finale. Contre EnVyUs, le seul favori survivant. Na'Vi a joué sa carte à fond, seized a sorti un incroyable match sur Train avec 32 frags, flamie a fait le mur en B, Guardian a superbement résisté à kennyS. Mais cela n'a pas suffi. Trop courts sur Train, pour un round. Un petit round. Qui sait ce qu'il se serait passé si cette première carte avait été remportée par la bande coachée par starix ?
Peut-être que Na'Vi ne retrouvera jamais la finale d'un major, que l'occasion de gagner le Graal sur CSGO ne se représentera jamais. La logique le voudrait. Mais lors de ce major, la logique s'est envolée. Alors, pourquoi pas une seconde fois ?
Le rêve brisé de Gamers2
Ils sont passés à côté du plus gros exploit en major de l'histoire de CSGO. Tout ça pour un round. Un malheureux round à gagner, qui n'est jamais arrivé. Menant 1-0, 21-18 contre nV, les Gamers2 n'ont jamais réussi à finir et finissaient par perdre 16-10, 21-25, 7-16 au cours de la plus belle demi-finale de major qu'il ait été donné de voir.
Pourtant, la bande de Maikelele était passé près de la correctionnelle en poules, et s'était imposé de justesse 2-1 contre Mousesports dans le match décisif. Mais le lendemain, c'est une équipe transformée qui giflait Virtus.Pro 2-0 en 1/4 de finale, pour ce qui était déjà considérée comme une énorme surprise. Peut-être la plus grosse de l'événement.
Les 5 joueurs de chez Gamers2 ont été énormes, personne ne les attendait aussi haut. Maikelele a sauvé son équipe contre mouz en lui faisant gagner la 1ère carte, rain a encore sorti des clutchs de l'espace (dont un 1vs5 contre nV), fox a collé 40 frags sur Inferno contre nV, dennis a été un maître à l'USP et jkaem a montré que son recrutement était plus que rentable, détruisant tout sur son passage. Ils peuvent être fiers, ils ont fait rêver des centaines de milliers de viewers.
Les géants au tapis
Dès les poules, fnatic avait été alerté : une défaite surprise contre les Brésiliens de Luminosity. Et ce qui devait arriver arriva : sortis seed 2 de leur groupe, les Suédois retrouvaient EnVy en 1/4 de finale pour un remake explosif de la finale de Cologne. Pendant une map, les hommes de pronax auront montré un bon niveau de jeu. Une seule map, le temps que nV se réveille et enchaîne sur les deux dernières, concluant notamment sur un violent 16-2 sur Cache.
JW et olof ne sont jamais totalement rentrés dans leur tournoi, et seuls flusha mais surtout KRiMZ ont semblé à la hauteur de l'événement. Depuis plusieurs semaines, l'équipe nordique semblait sur le déclin : ce major a confirmé cette tendance et a sûrement vu la fin de l'ère fnatic, à coup sûr la plus imposante de l'histoire de CSGO.
Si la défaite de fnatic était "prévisible", ou du moins possible, celles de Virtus.Pro et TSM ne l'étaient absolument pas. Les Danois arrivaient en tant que grands favoris : ils se seront heurtés à des NiP retrouvés, en même temps que leur situation de "chokeur" les rattrapait : ni device ni dupreeh ne montraient leur réel niveau de jeu quand il le fallait. Un échec cuisant pour les hommes de karrigan, eux qui ont toujours franchi les poules en major, mais ne sont jamais allés plus loin que les demi-finales.
Côté Virtus.Pro, comme à Cologne 2014 contre LDLC, les VP se sont inclinés en 1/4 de finale contre G2, une équipe qui n'avait rien à perdre et qui a sorti tout son skill au moment où il le fallait. Snax a été le seul à surnager dans les moments compliqués, mais cela n'a pas suffi à sauver les Polonais.
Le mystère Titan
Titan. La légende raconte que personne n'est jamais parvenu à comprendre cette équipe et son fonctionnement. Comment peut-elle perdre des matchs alors qu'elle a déjà inscrit 13, 14, 15 rounds, que la victoire lui tend les bras ? Voilà la question à laquelle il faut répondre aujourd'hui. Le 16-1 qui suit importe peu, au final. Beaucoup d'équipes auraient aussi explosé après s'être pris un comeback pareil dans les dents. Mais comment une équipe qui compte cinq joueurs avec cette expérience, de ce calibre, cinq joueurs qui ont gagné des dizaines de titres, comment cette équipe peut-elle encore être incapable de conclure une partie ? Cela rappelle le bon vieux temps VG/NiP...
Pour sortir des poules, Titan devait faire face à son meilleur ennemi, celui qui était déjà là en 2012 : NiP. Et pendant 35 minutes, Titan a bien joué. Parce que pour gagner 13-6 contre les Suédois sur leur map, Cache, il faut être bon. Et puis, d'un coup, tout s'est envolé. Les NiP passent une éco. 13-7. De tout le reste du match, Titan gagnera 2 rounds. Pendant que les Suédois en mettront 25. 14-16, 1-16, Titan reste bloqué en poules. Déjà à Cologne 2014, menant 15-9 contre Cloud9, Titan avait perdu. Déjà à Katowice 2015, menant 14-12 contre nV en CT sur Cbble, Titan avait perdu. Jamais deux sans trois.
Peut-être qu'au final, il y a trop d'espoir sur cette équipe. Que tout le monde voit encore les maîtres de Source et du début de CSGO. Titan a beau avoir des joueurs de classe mondiale, ce n'est plus une équipe du top mondial. Et ça, il faudrait commencer par en tenir compte au moment d'analyser les résultats. Top 9-12 sur ce major. Certes, la manière de sortir est frustrante, tant les francophones semblaient tenir NiP au creux de leur main, prêts à serrer le poing et à les broyer. Mais peut-être que, finalement, ils sont simplement à leur place : un challenger passé tout près d'un exploit. Une équipe un peu comme l'a longtemps été HellRaisers : capable d'embêter tout le monde mais jamais, ou bien trop rarement, capable de conclure.
L'échec américain
Côté américain, trois équipes étaient engagées. Résultat des courses : aucune n'a passé les poules. Ce qui fait qu'en 2015, aucune équipe américaine n'aura réussi à atteindre l'arbre d'un major, le 4ème consécutif. Titan a de la concurrence.
La meilleure équipe d'outre-Atlantique, au vu des circonstances, est peut-être Team Liquid, qui aura été tout près de réaliser l'exploit de la 1ère journée après avoir mené 15-14 face à VP. Mais les Polonais ont accéléré juste quand il le fallait pour finalement conclure 19-15. La nouvelle équipe d'Hiko aura aussi donné quelques frayeurs à NiP, restant à hauteur jusqu'à 11-11 avant de devoir laisser filer les Suédois. Dans la poule de la mort, Liquid aura largement joué son rôle de trouble-fête. La jeune génération américaine (EliGe, FugLy, nitr0) a montré un niveau plutôt intéressant, alors que, surprenant, Hiko a semblé un peu en retrait. Clairement, cette équipe peut avoir un très bon rôle à jouer dans les mois à venir sur la scène NA et, pourquoi pas, lors des événements internationaux.
CLG a eu deux chances contre Na'Vi, l'adversaire qu'il leur fallait battre pour passer en 1/4 : une première défaite 16-12, et une autre en BO3, 2-1. Même s'ils ont gagné la deuxième map lors du match décisif, les Na'Vi n'ont jamais vraiment été inquiétés sur Inferno, dernière carte : 13-2, pour conclure 16-8. CLG a essayé, vaillamment, mené par tarik et jdm64, mais il y a encore un niveau d'écart entre eux et le top niveau européen.
Enfin, le délicat cas Cloud9. Les hommes de n0thing ont perdu leur premier gros test contre Luminosity : menant 11-8, ils ont pris une éco et se sont effondrés, 11-16. Une victoire peu convaincante contre Vexed plus tard, 16-13, et ils étaient gentiment amenés vers la sortie par fnatic. D'accord, C9 n'était sûrement pas prêt à affronter fnatic en poules. Mais le jeu américain n'a vraiment pas été flamboyant. shroud a été invisible de toute la LAN, Skadoodle n'a eu que de rares coups d'éclat. Seuls sgares et freakazoid ont semblé surnagés à certains moments. De quoi se remettre en question.
On peut aussi leur dire bravo, et merci
Bravo à Luminosity Gaming d'avoir dès le deuxième soir cassé le top 4 final annoncé en battant fnatic. La victoire des Brésiliens a sûrement donné des idées à toutes les autres équipes. Même s'ils ont dû s'incliner après deux maps très serrées contre Na'Vi en 1/4, ils ont assuré une fois de plus leur statut de légende pour le prochain major. Et soyons sûr que leurs ambitions seront encore plus grandes.
Bravo à Mousesports d'avoir offert un match plein de suspense face à Gamers2. Les Allemands méritaient mieux qu'une élimination en poules, tant le niveau de jeu montré par NiKo a été élevé. Ce ne sera que partie remise, car si nex et ChrisJ se montrent un peu plus en forme le jour J, nul doute que mouz finira bien par accéder aux 1/4 d'un major.
Bravo à Vexed Gaming d'avoir offert une très belle opposition à fnatic puis à Cloud9. Bien loin de s'être faite humiliée, l'équipe polonaise a montré un jeu plus qu'intéressant, qui aura fait trembler ses deux opposants. Deux défaites, certes, mais peet et sa bande peuvent sortir la tête haute.
Bravo à Ninjas In Pyjamas d'avoir retrouvé le dernier carré, pour ce qui est pressenti la dernière apparition de cette composition en major. Même s'ils peuvent remercier Titan de s'être écroulé lors de leur match, les NiP ont ensuite donné une leçon de CS à TSM, porté par un friberg parfois retrouvé et un GeT_RiGhT encore très bon lors des matchs décisifs. Un peu de "NiP Magic" n'a jamais fait de mal à personne.
Bravo à aizy d'avoir sauvé la face de Dignitas. Le joueur danois a porté son équipe à lui tout seul (37 kills face à CLG), mais cela n'aura pas suffi pour éviter une dernière place de groupe. La remarque peut aussi s'appliquer à WorldEdit pour Flipsid3, le sniper russe étant le seul joueur de son équipe à avoir fini en positif lors des deux défaites de son équipe.
Enfin, bravo à la PGL pour la réalisation aux petits oignons, la meilleure de toute et de très loin. Interfaces de statistiques, replays d'actions à foisons, noms et visages des joueurs en direct, dual screens lors des 1vs1, ou encore effets pyrotechniques sur scène lors de l'explosion de la bombe, tout aura été quasiment parfait. La concurrence a du souci à se faire.
Le classement final :
EnVy Us : 100 000 $
Natus Vincere : 50 000 $
3/4. Ninjas in Pyjamas : 22 000 $
3/4. Gamers2 : 22 000 $
5/8. Fnatic : 10 000 $
5/8. Luminosity : 10 000 $
5/8. Team SoloMid : 10 000 $
5/8. Virtus.Pro : 10 000 $
9/12. Counter Logic Gaming : 2 000 $
9/12. Cloud9 : 2 000 $
9/12. mousesports : 2 000 $
9/12. Titan : 2 000 $
13/16. Liquid : 2 000 $
13/16. Dignitas : 2 000 $
13/16. Vexed : 2 000 $
13/16. Flipsid3 : 2 000 $
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