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EPICENTER Moscou : Que faut-il retenir ?
La salle était partagée entre Na'Vi et Virtus.Pro. dignitas a mis tout le monde d'accord en sortant les deux mastodontes et en allant soulever le trophée d'un tournoi pour lequel elle a dû passer par la qualification en ligne afin de gagner sa place. Une semaine entière de compétition pour un vainqueur surprise. Mais en dehors de ça, il s'est aussi passé beaucoup d'autres choses à Moscou : G2 n'a pas vraiment rassuré, s1mple a été sensationnel, et la scène mise en place par l'EPICENTER va sans doute marquer les esprits de beaucoup. Alors, que faut-il retenir ?
Que dignitas a réalisé l'un des plus gros exploits de l'histoire de CS:GO
Il y avait eu Clan-Mystik à l'ESWC 2013. Il y avait eu fnatic à la DH Winter 2013. Il y aura désormais dignitas à l'EPICENTER Moscou. Mais là où les deux premiers avaient pu compter sur un coup de pouce du tirage au sort à un moment donné, dignitas n'a pas eu cette chance et a dû se sortir du groupe le plus dense avant d'affronter coup sur coup fnatic, Na'Vi et Virtus.Pro pour aller chercher une victoire qu'absolument personne n'avait prédit.
Solides en poules sans être transcendants, les Danois ont ensuite écarté à grands coups de headshots tous leurs rivaux, prouvant par la même occasion qu'ils sont peut-être les meilleurs du monde sur Cobblestone, une map jouée et remportée à trois reprises en quart, demi et finale. Ils ont pourtant été bien fébriles au moment de conclure face à fnatic puis Na'Vi, mais la victoire arrivait finalement au bout de la dernière carte dans les deux cas. Enchaînant demi-finale et finale dans la même heure, ils se relâchaient sur la première carte face à Virtus.Pro, avant de se remettre dedans et d'humilier les Polonais en ne leur laissant que dix rounds en deux maps, offrant notamment une démonstration de défense sur Mirage (13 rounds marqués).
Les défenseurs des "vrais" leaders-in-game ne pourront qu'avoir le sourire devant la performance de MSL, impeccable tactiquement (notamment sur Dust2 contre G2, où il insista parfaitement sur la faiblesse des Français middle et B) tout en étant capable de sortir des rounds à trois frags et plus. Élu MVP du tournoi, k0nfig a encore été monstrueux, suivi par un duo Magiskb0Y (énorme en finale) - RUBINO excellent, devançant un cajunb qui est resté solide sur ses appuis sans être exceptionnel. dignitas a offert au Danemark sa plus belle victoire avec une line-up qui ne compte dans ses rangs ni device, ni dupreeh, ni karrigan, ni aizy. Improbable mais vrai. Et ô combien réjouissant.
Que Virtus.Pro a attrapé la malédiction Na'Vi
Bon, il ne faut sans doute pas aller trop vite en besogne, mais après New York, voilà la deuxième compétition à cashprize élevé que Virtus.Pro perd en finale. Et pourtant, la bande du vétéran TaZ avait jusque-là fait un très bon tournoi, malgré une fausse note en poules contre HellRaisers. Qu'importe, elle terminait tout de même première et s'évitait ainsi un quart de finale hasardeux contre G2.
Face au grand rival SK, déjà battu deux fois lors de la première journée, la demi-finale s'annonçait tendue et très serrée. Mais les Polonais décidèrent de la rendre encore plus compliquée en ne jouant pas la première carte et en s'inclinant 16-1 dessus. Heureusement, dans l'élan d'un byali en forme, ils se réveillaient sur Nuke puis Cobble pour aller disputer la finale. Et se heurter à des dignitas en feu, au cours d'une rencontre où pasha coulera totalement, terminant sur un lourd -27.
Alors oui, Virtus.Pro a toujours fait mieux que SK et Na'Vi, ses deux grands concurrents actuels. Mais comme eux, elle n'a pas non plus gagné. Et c'est ce petit détail (quoique, à 150 000 $ de différence, il n'est plus si petit que ça) qui pousse à ne pas encore lui mettre la couronne de lauriers sur la tête. Oui, VP est très en forme, non, VP ne s'est pas vraiment raté. Mais en terminant encore deuxième, comme Na'Vi avait accumulé les médailles d'argent plus tôt dans l'année, les hommes de Neo laissent une place au doute.
Qu'on ne sait plus où en est G2
Après la déconvenue américaine, on était impatient de savoir si G2 allait réagir à Moscou. Et bien, finalement… on ne sait pas trop. L'équipe francophone a franchi les poules, chose que NiP n'a par exemple pas réussi à faire, mais il est compliqué de se satisfaire uniquement de ça. La faute au match qui a suivi et à l'humiliation encaissée contre SK sur Train, première carte, où G2 n'a même pas réussi à accrocher un seul wagon à sa locomotive. 16-0, et une défaite finale 2-1 malgré le gain de Dust2, deuxième carte.
En fait, la performance n'a rien de rassurant car elle a mis en exergue tous les problèmes de cette équipe : des joueurs trop inconstants, une faiblesse tactique qui peut se révéler criante et un map pool au final assez faible. Comme d'habitude, ScreaM et shox ont tenu la baraque comme ils pouvaient, mais bodyy a totalement plongé contre SK, presque accompagné par RpK et SmithZz. Niveau tactique, le nombre de rounds marqué en terroriste sur Train est un bon exemple, mais l'incapacité de G2 à réagir aux attaques de dignitas sur Dust2 en poules, malgré un plan de jeu toujours similaire de la part des Danois (prendre le middle puis appuyer sur le B) en est peut-être un encore meilleur.
Enfin, pour les maps, si Dust2 et Overpass ont été assez bien gérées en général malgré quelques couacs, Train et Cbble sont apparues beaucoup plus faibles. Si on ajoute à ça Mirage et Nuke, que l'équipe ne joue jamais, et Cache, qui manque de chance s'est toujours faite véto en premier car map faible de nombreuses formations présentes à Moscou, le bilan est assez alarmant. Autant de problématiques auxquelles se confronter en attendant la Northern Arena Montreal, mi-novembre.
Que s1mple, malgré tout son talent, ne peut pas gagner seul
Na'Vi n'a pas réussi à aller cueillir un deuxième succès de suite, éliminée par une équipe de dignitas trop tranchante, qui aurait même pu sortir la formation de l'est assez aisément 2-0 si un joueur n'avait pas essayé de se révolter : s1mple. Évidemment, s1mple. Quand GuardiaN s'enterrait au fond du scoreboard avec deux pauvres frags en 20 rounds, la pépite ukrainienne enchaînant les rounds à multi-kills pour tenter de sauver ce qui pouvait encore l'être.
C'est bien simple : depuis son arrivée dans la structure jaune, en lan, s1mple n'a jamais eu un rating inférieur à 1 lorsque son équipe s'imposait. Lorsque Na'Vi gagne, s1mple a toujours un impact sur la victoire. Et même dans la défaite, il arrive encore à sortir des statistiques improbables, comme ces 37 kills (!) engrangés contre G2 en… 27 rounds. Autant dire que depuis son recrutement, il semble s'être plutôt bien intégré à la line-up.
Alors, la vraie question, ne serait-ce pas plutôt : est-ce que la line-up s'est bien intégrée à s1mple ? Les rôles ont forcément été redistribués après la perte de Zeus, et l'irrégularité assez flagrante de joueurs comme seized ou flamie, voire même maintenant GuardiaN, peut avoir de quoi inquiéter. En soi, Na'Vi n'a rien gagné cette semaine : trois confrontations à un partout en poules, et une demi-finale perdue. Demi-finale atteinte directement uniquement grâce à un meilleur round-average que ses concurrents, avantage obtenu après la toute dernière carte. Car avant elle, l'équipe était dernière de son groupe, et donc éliminée. s1mple brille peut-être, mais Na'Vi n'a pas été lumineuse en Russie.
Qu'il ne fallait pas être allergique à Cobblestone
39 cartes jouées (soit le maximum possible), 12 sur Cobblestone, 2 sur Dust2 et Cache. Il y a comme un léger déséquilibre. Près d'un tiers des cartes disputées pendant cet événement l'ont été dans le château fort. Certes, le constat n'est pas vraiment nouveau mais cette fois-ci en particulier, il saute vraiment aux yeux. Ce n'est pas forcément un mal, mais à la longue, il faut bien avouer que c'est un peu lassant.
C'était toutefois prévisible, la plupart des équipes présentes comptant Cobblestone dans leurs cartes fortes (dignitas, Virtus.Pro, SK Gaming), et au contraire Dust2 et Cache dans leurs maps faibles (Na'Vi et SK ne jouent jamais Cache, VP ban toujours Dust2). On ne peut pas leur reprocher de préférer ces maps-ci si elles se sentent plus à l'aise dessus, évidemment, mais comme Inferno lassait une bonne partie du public à un moment où on la voyait toujours, le même sentiment apparaît avec Cobble. Surtout que cette dernière est une map assez… statique, où les redirections sont extrêmement compliquées et où les CT n'ont que peu de possibilités pour agresser les zones.
On ne peut pas vraiment faire grand-chose contre ça, si ce n'est attendre que d'autres équipes arrivent avec d'autres maps fortes dans leur mappool, ou qu'une lassitude touche aussi les formations. En attendant, croisons les doigts pour qu'Inferno revienne au plus vite puisque la carte désormais toute belle toute neuve était souvent jouée et appréciée par la plupart des formations.
Que l'EPICENTER a (globalement) tenu ses promesses
EPICENTER avait annoncé un show incroyable pour son premier événement sur CS:GO et il faut être honnête, le résultat a de manière générale été très bon. On passera sur la phase de poules, disputée à huis clos et qui a été soumise à quelques problèmes techniques et autres retards habituels.
Une fois arrivé au VTB Ice Palace de Moscou, la démonstration technique avait vraiment de quoi impressionner. Une cérémonie d'ouverture totalement inédite avec une mise en situation plus que réelle, une scène remplie d'éléments de décor reprenant Counter-Strike (wagons, silos nucléaires…) et un public qui a bien répondu présent ont fait le travail. Si l'on ajoute à cela quelques délicates attentions, comme les gants personnalisés en jeu ou ces explications sur le fonctionnement du jeu pour les quelques néophytes présents dans la salle, on obtient un événement bien sympathique. Il ne serait pas étonnant de revoir l'organisation sur le FPS de Valve dans le futur.
La cérémonie d'ouverture des play-offs, samedi matin
Le classement final :
dignitas : 250 000 $
Virtus.Pro : 100 000 $
3/4. 
SK Gaming : 40 000 $
3/4. 
Na'Vi : 40 000 $
5/6. 
G2 Esports : 15 000 $
5/6. 
fnatic : 15 000 $
7/8. Ninjas in Pyjamas : 15 000 $
7/8. 
HellRaisers : 15 000 $
À suivre sur la scène CS:GO : au niveau du top mondial, les finales de l'ESL Pro League S4, qui débuteront mercredi à Sao Paulo. Côté subtop, il faudra se tourner vers Paris et l'ESWC, qui accueillera 32 équipes à partir de jeudi pour son édition 2016, et où VaKarM sera d'ailleurs sur place. Enfin, les amateurs de la scène asiatique n'oublieront pas le Minor, dont le lancement est prévu pour vendredi. Une semaine bien chargée s'annonce donc !
