Les ESWC se suivent mais ne se ressemblent pas. Seul point commun, Counter-Strike est toujours au rendez-vous avec des tournois aux formats différents d'année en année. Et pourtant, on en arrive au point où l'on pardonnerait aisément à Oxent, société mère de l'ESWC, si elle décidait de délaisser le FPS de Valve tant elle semble malmenée dans cet éco-système si particulier que constitue CS:GO.
Autrefois réelle Coupe du Monde, l'ESWC a désormais été relégué au rang de tournoi de seconde zone. Une régression assumée et matérialisée par un changement de nom acté l'an passé, l'Electronic Sport World Cup devenant Esports World Convention. Cette année et malgré une compétition largement réduite puisque limitée à seulement quatre équipes (une première !), l'ESWC a encore réussi à se faire phagocyter par Valve et son annonce incroyablement tardive du Minor européen et de ses phases qualificatives. Une malédiction.
Impuissants face à ces aléas d'un calendrier déjà surchargé, les dirigeants de l'ESWC ont dû s'adapter afin de maintenir l'intérêt de leur tournoi. Présenté tout d'abord comme une compétition permettant de mettre au clair la hiérarchie hexagonale, cet ESWC 2017 a été remanié pour devenir la bataille des Ardennes 2.0. EnVyUs à Bucarest, les quart-de-finalistes allemands du dernier Major de chez BIG ont été retenus pour se confronter à trois des meilleures équipes de France. BIG étant grand favori à la victoire finale, l'objectif sera de les faire tomber et d'assurer l'honneur de la patrie.
Cette scène fait toujours son petit effet
Un format particulier
Un tournoi à quatre équipes sur deux jours ne veut pas forcément dire peu de rencontres. Les organisateurs ont concocté un format assez inédit histoire de donner un peu de profondeur à leur compétition. Les quatre équipes s'affronteront une fois chacune en BO2 dans le cadre d'une poule unique. Une victoire sur une carte rapportera trois points et un seul point en cas de match nul. A l'issue des trois tours, les deux formations les mieux classées s'affronteront dans une grande finale en BO3 sur la grande scène. Les équipes classées troisièmes et quatrièmes tenteront quant à elles de se consoler dans une petite finale.
Si ce format nécessite de pouvoir connecter deux neurones afin de bien l'assimiler (il est vrai que cela pourrait s'avérer être un vrai challenge pour le public de la PGW), il permettra de limiter les grandes surprises et donnera une vraie légitimité aux vainqueurs.
Pour rappel, le tournoi se déroulera sur deux jours, le jeudi et le vendredi, avec une mini-scène dédiée à CS:GO et quelques matchs sur la grande scène.
Concernant les dotations, l'ESWC 2017 mettra en jeu 50 000 €, ce qui est loin d'être ridicule pour une compétition à quatre équipes.
25 000 €
15 000 €
7 500 €
4. 2 500 €
Les forces en présence
Si vous ne l'avez toujours pas fait, investissez dans un second écran car vous en aurez besoin pour suivre les aventures d'EnVyUs au Minor européen qui se dérouleront en même temps que cet ESWC 2017. Forcément, ce parallélisme va causer du tort au tournoi qui nous intéresse ici et dont les enjeux sont loin d'être aussi cruciaux que son homologue roumain.
Pour autant, il serait dommage de ne pas montrer un minimum d'intérêt à l'ESWC 2017. Les quatre équipes qui batailleront au Parc des Expositions de la Porte de Versailles sont d'un niveau assez rapproché pour que chacune ait l'espoir de l'emporter. Alors forcément quand quatre formations se retrouvent avec cet état d'esprit, le spectacle sera au rendez-vous. Si Team-LDLC et BIG semblent avoir une longueur d'avance sur leurs adversaires, l'ESWC a montré lors de ses dernières éditions que les avantages sur le papier ont bien du mal à se matérialiser.
Rappelez-vous, Team-LDLC Blue qui l'emportait face aux grands favoris de Team-LDLC White en 2015. Ou encore des Allemands d'Alternate aTTaX, vainqueurs l'an passé devant des formations comme Space Soldiers, Heroic et bien sûr Gambit ! Rien n'est gagné d'avance.
Les Favoris
BIG
Depuis leur parcours incroyable lors du dernier Major en date, les coéquipiers du vétéran Fatih "gob b" Dayik sont redescendus sur Terre. Leur accession au statut de Légende ne leur a pour autant pas permis de devenir une équipe incontournable d'un point de vue marketing. Ainsi quand d'autres écuries obtiennent des invitations directes pour les lans, BIG doit encore patauger dans les qualifications en ligne, véritables marécages numériques aux multiples pièges.
Engagés en ESL Pro League, les Allemands pointent à la douzième place du classement. Une position assez logique pour ceux qui ont néanmoins quelques beaux succès à leur actif dans ce championnat. G2, FaZe et Astralis leur ont tous concédé une carte à des époques relativement différentes témoignant ainsi d'une certaine régularité dans leurs résultats.
Côté lans, BIG est revenu de la colonie de vacances à Mykonos avec une belle victoire en BO3 sur EnVyUs dans ses valises. Mais c'est surtout à la DreamHack Open Denver que les numéros un germaniques ont montré qu'ils existaient encore. Des victoires très convaincantes sur Mousesports et Renegades leur ont ouvert les portes de leur première grande finale internationale depuis mai 2017 (ESEA MDL Challenge). Néanmoins, ils ont montré des limites face à Cloud9, une équipe d'un calibre supérieur qui les a largement dominés.
BIG arrive à cet ESWC avec un statut de Légende à défendre. Tout autre résultat qu'une victoire finale serait une déception énorme pour une équipe qui cherche à monter en puissance en vue du prochain Major. Les Allemands ne devront pas tomber dans le piège en sous-estimant *aAa* et ARES, deux formations qu'ils ne côtoient pas vraiment. A l'inverse, Team-LDLC est une équipe qu'ils connaissent bien pour avoir échangé une carte pour une carte en ESL Pro League.
Après Alternate aTTaX en 2016, BIG a l'occasion de garder le trophée bien au chaud au pays de la bière. Pour ce faire, Johannes "nex" Maget et Johannes "tabseN" Wodarz, les deux principaux artilleurs de cette équipe, devront avoir les yeux en face des trous. Au moins un des deux quoi.
Team-LDLC
Nos petits coeurs de supporteurs français souffrent encore. Cette qualification désastreuse au Minor européen est encore dans toutes les têtes et il est clair que les hommes de Kévin "Ex6TenZ" Droolans auraient préféré être ailleurs qu'à Paris. Mais la vie est ainsi faite et il faut faire avec. Si le Major est désormais hors de portée, l'ESWC reste néanmoins une étape importante du circuit pour Team-LDLC.
D'abord, car en tant qu'équipe francophone, cela est toujours un honneur de défendre sa peau sur la scène de l'ESWC. Ensuite, car ce tournoi représente une opportunité en or pour rebondir de la meilleure des manières. Les 25 000 € promis aux vainqueurs leur permettraient d'acheter assez d'alcool pour oublier leur passé tumultueux et se remettre en selle pour la fin d'année.
Frustrant semble le mot le plus adéquat au moment de qualifier les résultats de Team-LDLC. Capables d'accrocher n'importe qui avec un jeu propre, le sniper Antoine "to1nou" Pirard et ses acolytes ont la fâcheuse tendance à commettre des erreurs qui leur sont fatales. Le genre de bévue qui te fait crier derrière ton écran "Mais qu'est-ce que tu faaaaaiiiissss ???". Si toi tu réveilles tes parents, les "Foxes", eux, vont de déception en déception. Hormis cette qualification ratée au Minor, Team-LDLC a été absolument fantomatique à la DreamHack Open Denver : seulement dix rounds en trois cartes face à Mousesports. On vous laisse faire la moyenne par carte...
A la veille de l'ESWC, Team-LDLC a un besoin urgent de confiance. Gagner le titre serait une très bonne performance. Terminer deuxième serait logique. Ne pas arriver à se qualifier pour la grande finale serait peut-être la contre-performance de trop et la possible fin d'un cycle pour un collectif inchangé depuis plus de quatre mois. Il y a de quoi être inquiet d'autant plus que l'ESWC n'est pas l'événement qui réussit le mieux au capitaine belge qui y a vécu plusieurs des pires moments de sa longue carrière.
Les Outsiders
ARES
Qualifiés dès le premier tournoi en ligne, les ARES participeront à leur deuxième lan à l'occasion de cet ESWC. La première remonte à début septembre au Danemark. A la Cross Border Esport, les coéquipiers de Matthieu "matHEND" Roquigny avaient montré de belles choses notamment en tenant tête aux futurs vainqueurs de chez eXtatus jusqu'au bout de la troisième carte.
ARES, c'est donc avant tout des rencontres franco-françaises en ligne que ce soit dans le championnat national made in ESL ou lors du tournoi de qualification à cet ESWC. Si dans ce dernier, ARES a montré toute sa solidité en venant à bout de Vexed, EnVyUs Academy et *aAa* (également présent à l'ESWC), les résultats dans le championnat national sont plus contrastés. L'équipe "n'est que" cinquième avec quatre défaites contre RB eSports, Vexed et DizLown.
La formation passée professionnelle lors de son arrivée chez ARES s'est entraînée quelques jours en bootcamp au Meltdown de Clermont-Ferrand. Matthieu "matHEND" Roquigny et son fidèle compagnon de route Simon "Fuks" Florysiak forment une véritable usine à talents. bodyy, DEVIL et to1nou leur doivent beaucoup. Désormais, le binôme a jeté son dévolu sur le jeune Logan "logaNNN" Corti. Comme un bodyy en son temps, il s'est imposé comme un élément incontournable dans cette équipe avec des statistiques qui parlent d'elles-mêmes. Il sera le joueur à suivre durant cet ESWC.
L'objectif sera de terminer dans les deux premières équipes afin de disputer la grande finale. Il faudra pour cela battre *aAa* et tenter d'aller gratter des points contre Team-LDLC et BIG. Leur expérience respective en lan et notamment sur la grande scène de l'ESWC leur permettra d'appréhender au mieux les futures confrontations.
*aAa*
La dernière fois que *aAa* a mis les pieds dans un ESWC, Sheryfa Luna était en haut du hit parade avec "Il avait les mots". Presque dix ans déjà. A l'époque, Xp3 et KaRa n'avaient pas fait fière allure et étaient tombés dès les poules de l'ESWC Masters 2008. Aujourd'hui, la structure mythique du sport électronique français a misé sur un effectif stable et prometteur. Une équipe qui comme pour la remercier de l'avoir recruté lui permet de faire son grand retour à l'ESWC grâce à un slot obtenu au bout du suspens lors du second tournoi de qualification.
*aAa* joue sur tous les tableaux. Au niveau national, les coéquipiers de Flavien "wallax" Lebreton sont premiers ex-aequo dans le championnat de France ESL. Pour se qualifier à l'ESWC, ils se sont défaits des Limitless.gg avant de battre les EnVyUs Academy au terme d'un match marathon. Ils ont même d'ores et déjà remporté un titre lors de la Game Arena où la concurrence n'était néanmoins pas très farouche.
Elle est la seule équipe française engagée en ESEA Mountain Dew League (anti-chambre de la Pro League) où elle pointe en ce moment à la neuvième place du classement général. Des victoires notables sur Seed et Kinguin témoignent d'un potentiel certain. Beaucoup d'entre vous attendent avec impatience d'observer la pépite du moment et certainement la grande révélation hexagonale de l'année, Mathieu "ZywOo" Herbaut. Il faut dire que ses statistiques continuent d'affoler les compteurs et la communauté a grande hâte de le voir à l'oeuvre sur une scène et face à des adversaires jugés plus solides.
A l'inverse des ARES bien moins actifs, les *aAa* jouent énormément de matchs en ligne laissant ainsi de nombreuses pistes pour étudier leur jeu. Nul doute que des bosseurs comme gob b ou Ex6TenZ ne se sont pas privés et ont tous les deux leur petit dossier de démos au nom de la triple voyelle. *aAa* est l'outsider principal dans ce tournoi et cherchera à s'octroyer un match référence en battant l'un des deux favoris. Une qualification pour la grande finale serait une très belle performance, ravirait les nostalgiques et nous promettrait un Steeve "Ozstrik3r" Flavigni des grands jours sur la grande scène.
L'affrontement avec ARES s'annonce particulièrement savoureux : un duel du coach qui hurlera le plus fort entre Ozstrik3r et krL ainsi qu'une rencontre entre les deux derniers bijoux issus du subtop français, ZywOo et logaNNN.
Suivre l'ESWC 2017
L'équipe 1PV sera chargée de retransmettre la compétition sur place avec des matchs joués sur la petite et la grande scène. Un stream internet sera bien sûr disponible. Si la lecture de cette preview vous a chauffé, vous pourrez jouer au hooligan dans le public en achetant un pass pour la Paris Games Week (19 € plein tarif, 15 € étudiants et mineurs). Le plan détaillé est également disponible.
Sachez que VaKarM règnera en maître en salle de presse avec quatre personnes du staff assurant la couverture de l'événement.
Début des hostilités : jeudi 2 novembre.
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