18:55, les sièges fictifs de cette conférence de presse annoncée par Vivien "GoY" Goyon commencent à se remplir en attendant l'heure fatidique où celui qui venait de quitter son poste de manager chez HEET allait nous en dévoiler un peu plus sur les vérités qui entourent cette histoire entre une structure dépassée et des joueurs lésés.
Le renouveau passant toujours par un retour aux sources, quel autre lieu pour GoY que ce Discord DBL PONEY pour retrouver cette "grande famille" et poser, de sa voix grave, un rappel sur la création de ce mix ? Souhaitant "revenir à quelque chose de plus familial" mais aussi motivé par la disponibilité d'Alexandre "bodyy" Pianaro et par leur passif respectif avec Matthieu "matHEND" Roquigny, le manager a proposé à l'ex-G2 Esports de créer "une équipe française qui sera dans le Top 30 plutôt que partir vers l'international".
C'est donc ici que démarrent à la fois cette conférence mais aussi cette aventure, avant tout humaine, qui verra ce groupe jongler entre l'espoir et les difficultés, que ce soit sous les couleurs de DBL PONEY ou HEET. Une aventure autour de laquelle GoY a partagé pendant près de deux heures, d'abord seul puis autour des questions de divers intervenants. Revenons donc ensemble les points principaux abordés durant cet échange.
Moment nostalgie entre Dfuse et ce premier logo de DBL PONEY
DBL PONEY et la recherche de structures
Lancée pour la première fois le samedi 30 janvier 2021 en ESEA Winter Cash Cup #4 où elle passait trois tours, DBL PONEY atteignait le 29ème rang HLTV un an plus tard, le 17 janvier 2022, quelques jours avant de rejoindre HEET. Connaissant un pick au 23ème rang avec NBK- juste après sa huitième place au Flashpoint 3, le mix a passé 37 semaines autour du Top 30, tantôt un peu au-dessus, tantôt un peu en-dessous, à compter du 3 mai 2021, signe d'une certaine régularité malgré l'intégration du jeune Ex3rcice pour prendre la relève de la légendaire "Tourelle".
Ce petit rappel fait, nous étions tous étonnés de ne pas voir de structures se tourner vers DBL PONEY pour les représenter. Honnête, franc, GoY lâchera d'abord une éventualité dans sa conférence, "qu'il soit totalement à la ramasse". Il reviendra ensuite sur un problème plus large et plus réel, "personne ne sachant aujourd'hui faire de l'argent avec une équipe du T2, une équipe qui ne va pas au Major ou qui n'a pas de sponsors qui vivent pour CS". Profitant du sujet pour ajouter "que si aujourd'hui on a LDLC qui fait du CS, c'est parce qu'il y a des mecs chez LDLC qui sont passionnés par Counter-Strike". Et en parlant de LDLC OL, un "what if" serait tout trouvé s'il n'y avait pas eu ce "désaccord sur un détail" qui vint faire capoter le deal avec la structure lyonnaise.
Terminons par une nuance plusieurs fois apportée par GoY entre les renseignements pris par les structures et celles réellement intéressées pour recruter un cinq, et même plutôt ce cinq. Définissant le renseignement sur une approche assez brève autour du salaire, il nous précise sans être d'accord que "si ça c'est un contact, alors oui on était en contact avec quelques gros clubs". Partageant ensuite un exemple "pour nous faire kiffer" autour de la KCORP qui "n'étaient pas des gens intéressés, mais des gens venus se renseigner" malgré la réunion partagée avec eux.
HEET, un budget qui passe... ou qui casse
Et voilà, un an plus tard, après tant de recherches infructueuses et avec des finances personnelles commençant à tirer vers le rouge, que ce groupe de DBL PONEY se rapproche d'une structure, HEET, pour laquelle plusieurs acteurs de la scène notent de suite le sulfureux passé de son CEO, Tim Buysse. Sur ce choix, GoY rappellera "qu'ils n'étaient pas dupes sur le passé du dirigeant, qu'il pourrait y avoir des problèmes" mais "qu'il n'y avait pas cinquante propositions à l'époque, qu'ils ont été écoutés et qu'ils ont finalement passé une belle année".
Répondant à une question autour d'arnaque ou négligence, il abonde vers la seconde option, "vraiment, je pense que c'est de la négligence". Sans pour autant chercher d'excuses à la gestion du projet, "il y a un moment, tu fais signer des joueurs pour deux ans, ça veut dire que t'as un budget sur deux ans, pas un budget sur un an (!)".
Une interrogation demeure, la structure a-t-elle manqué de compétences quant à la prévision de son budget, comme le pense GoY, ou n'avait-elle tout simplement pas les moyens de proposer un budget viable plus que sur une année ? Préférant ainsi partir à l'aventure en connaissance de cause et en espérant, sûrement trop, qu'une participation au Major et une levée de fonds viendraient remettre un peu d'équilibre dans les comptes. Parce qu'à la fin,"HEET était toujours aux portes du T1, aux portes du Major, qualifiée en ESL Pro League sans arriver à se maintenir. Il nous manquait quelque chose pour se stabiliser, peut-être une expérience, quelqu'un d'expérience". Et ce quelque chose, ce recrutement de JACKZ, c'est là où les problèmes ont débuté, avec une dépense loin d'être prévue et, surtout, loin d'être réalisable, "un move déconseillé par les agents".
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Contrats, cashprizes et salaires
Ce mouvement, tout le monde le connait aujourd'hui, que JACKZ abandonne une partie de ce que lui devait G2 Esports afin de régler lui-même son transfert pour le rendre possible et permettre à HEET de le rembourser par la suite, avec ces fameux "investisseurs en train de signer", promettant "qu'il n'y aurait donc pas de problèmes avec le budget 2023". Spoiler : "HEET a (toujours) une dette envers JACKZ avec son transfert à payer et quelques mois de salaires".
En parallèle, GoY nous interpelle sur quelques situations comme le fait que "des joueurs reçoivent leurs prestations mensuelles en dollars" et non pas en euros, ne respectant évidemment pas les termes du contrat et ajoutant au passage une perte à la conversion et quelques frais bancaires. Aussi, vers l'été 2022, "quelques retards de paiement à droite, à gauche" avant que "le directeur financier ne se barre". Enfin, "un quiproquo sur le compte de bodyy, avec un numéro qui manquait, faisant qu'il n'a pas eu ses prestations en temps et en heure", la structure ayant encore aujourd'hui cette dette envers lui.
Ce n'est pas tout, si aujourd'hui "toutes les prestations mensuelles sont à peu près payées en temps et en heure", la structure n'a pas reversé une belle partie des cashprizes de 2022 aux joueurs qui étaient alors présents, leur devant à chacun "entre 8 et 10 000 €". GoY allant jusqu'à penser "qu'à un moment, ils étaient tellement dans la merde, qu'avec les cashprizes ils ont dû payer les prestations mensuelles". Pour finir côté dettes, lui-même est encore dans l'attente de "trois mois de prestations".
Joie, bonheur. Bien heureusement, la structure ne respectant pas ses obligations, les joueurs ont aujourd'hui la possibilité de casser leur contrat. C'est ainsi que "Djoko a cassé son contrat il y a deux semaines [...] et Lucky depuis une semaine". GoY souriant sur la communication de la structure qui n'a pas manqué de partager sur la victoire en CCT Central Europe #6 "alors qu'il n'y avait pas la moitié de l'équipe qui était sous contrat", hAdji ayant de son côté été libéré par Falcons. Passé juste après la conférence sous le nom de Looking4Org, le cinq semble donc pour de bon s'éloigner de HEET avec Maka et Ex3rcice qui ne devraient donc pas tarder à eux aussi casser leur contrat.
"Interception les gars, interception !"
Par ces mots, GoY nous apporte une autre bonne nouvelle, les cashprizes de 2023 ont été payés directement sur son compte, passant ainsi "d'abord chez lui avant d'aller directement chez les joueurs". Les 3 000 $ remportés sur l'ESEA Winter Cash Cup #3 avec Razzmo et donc les 22 000 $ gagnés avec hAdji au CCT Central Europe #6 arriveront bien dans les caisses des joueurs.
Un projet CS:GO et bien plus encore... (Source : HEET)
La gestion interne, publique et juridique de la situation
"Le club est vraiment parti en sucette. En plus des problèmes financiers, le club est parti en sucette au niveau de la communication interne". En une phrase, GoY a résumé sa situation de manager où il n'était plus réellement tenu au courant tant au niveau des cashprizes, où il devait "pv les organisateurs de tournois" pour savoir si les cashprizes avaient été réglés à la structure pour ensuite "demander à ce qu'ils soient ajoutés (par HEET) à la prochaine facture des joueurs", que des contrats, où "il apprend (après coup) que Lucky jouait sans contrat depuis une semaine". Sans parler de l'absence de communication officielle autour de Maka.
En parallèle, avant que cette histoire ne sorte au grand jour, GoY et les joueurs décident "de fermer (leur) gueule" car "si les investisseurs ne sont pas au courant qu'il y a des problèmes et que finalement ils arrivent, ça va régler quand même des problèmes". Là où, "si le scandale pète, et c'est ce qui s'est passé avec le live de krL, les mecs se retirent direct". Argumentant, lorsqu'une question est posée autour de la possibilité de tout dévoiler pour mettre la pression sur la structure et bénéficier du soutien de la scène, que "si on fait ça, si on avait le moindre espoir de récupérer une partie de l'argent dû, tu tires une croix directement dessus, alors tu t'accroches (!)".
Une décision que certains qualifieront de naïve, ce que GoY ne réfute pas, croyant de son côté que "c'est aussi leur club et que je pense que ça les désole autant que nous d'être dans cette situation". Ayant donc gardé une certaine confiance à un moment où aucune preuve n'a été apportée pour justifier de la signature à venir d'un investisseur, sans que ça ne soit demandé par Prodigy ou GoY. Ce dernier estimant que "ce n'était pas notre rôle (de pousser jusqu'à rencontrer le potentiel investisseur)".
Faute d'investisseur et avec une situation financière qui ne devrait pas permettre de rembourser les dettes accumulées par HEET, on pense naturellement au volet juridique qui pourrait s'ouvrir sur cette affaire. Pour l'heure, de ce dont GoY a connaissance, "il n'y a pas encore de poursuites". Mais, de son avis et de son expérience, "si le club n'est pas solvable, tu peux demander de l'argent, faire ce que tu veux, s'il n'y a pas d'argent, il n'y a pas d'argent".
En difficultés financières depuis plusieurs mois déjà et avec son roster CS:GO qui vient de la quitter, on voit mal comment HEET pourrait débloquer les fonds nécessaires pour rembourser les joueurs. Ce que GoY partage : "Je pense qu'ils ne pourront pas nous payer, s'ils n'ont plus d'équipe, ils ne pourront pas nous payer. Le seul espoir qui aurait peut-être pu faire qu'ils remboursent leurs dettes, c'est de continuer à avoir une équipe CS:GO qui performe. Le problème, c'est qu'une équipe CS:GO qui n'est pas sous contrat (solide), les mecs viennent piquer des joueurs pour zéro euro ou les agents cassent les contrats, à juste titre, parce qu'il manque l'argent, bon... Comment ils vont faire ? Avec tout le respect que je leurs dois, c'est pas avec l'équipe League of Legends qu'ils vont y arriver, je ne crois pas.".
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L'avenir du cinq
Tout juste vainqueur du CCT Central Europe #6 et maintenant sous le tag Looking4Org comme nous le disions plus haut, il semblerait que le cinq soit motivé pour continuer ensemble malgré l'actuelle absence de structure et donc rémunérations pour le soutenir.
Un point que GoY abordait hier soir, confirmant qu'il allait "continuer à accompagner l'équipe HEET, qui changerait de nom très bientôt", en suivant donc. Précisant aussi "que le cinq a bien vu qu'il y avait de quoi faire ensemble" et appréciant que les joueurs soient "des brutes de skill qui peuvent taper fort, taper loin et qu'ils le savent".
Il ajoute "avoir beaucoup aimé gérer le projet DBL" qui "n'était pas juste gérer une équipe mais gérer un club". Un club de petite taille, malgré les performances et l'engouement, dans lequel il fallait mettre la main à la patte en "gérant les finances, les graphismes avec Limun ou encore le marchandising". Jusque-là "juste" manager CS:GO, avec les guillemets comme il le souligne, GoY aimerait "bosser pour un club et avoir des responsabilités plus grandes, avoir la main sur des choses un peu plus importantes au niveau d'un club esport". Pour se faire, il précise vouloir "changer sa stratégie" en délaissant les dossiers à monter pour démarcher les structures et en envoyant plutôt "son CV" afin de vendre ses compétences, son expérience et ce cinq qu'il accompagne à des structures qui seraient intéressées par les FPS, et plus précisément CS:GO.
Nous revoilà donc presque au point de départ, sur le Discord de DBL PONEY, GoY annonçant qu'un prometteur cinq français continuera à évoluer ensemble et à chercher une structure au détour de quelques performances dans les compétitions en ligne du subtop, et peut-être parfois, le temps d'un évènement, en sortant de l'ombre du T1. Et justement, comme à l'époque où bodyy et ses partenaires venaient de se mettre en selle, il va falloir grind le classement HLTV, comme une condition nécessaire mais pas suffisante à leur recherche.
Nouveau défi pour Ex3rcice, qui est devenu l'une des voix de cette équipe avec Maka
Entre GenOne qui a remercié son cinq principal, les rumeurs qui entourent Falcons et l'état de ce nouveau tag, on ne peut pas vraiment se réjouir pour la scène francophone. GoY partageant le degré plutôt "terrible" de ces nouvelles mais aussi de l'état des lans en France avec une Gamers Assembly et une Louvard loin d'afficher complet et de voir énormément de têtes connues du subtop s'y déplacer.
Ceci étant dit, les deux années de DBL PONEY et HEET ayant été balayées dans cette conférence, clôturons cet article sur une dernière citation de GoY, juste pour se souvenir qu'à la base, DBL, c'était avant tout des personnes qui partageaient des valeurs humaines.
"Dans l'esport, vous avez des incompétents, des baltringues, des connards, et il y en a quelques uns
ce sont des gens bien, ils ne sont pas nombreux. Je peux vous dire que ce mec là (matHEND),
pour ceux qui ont connu Source ou le début de CS:GO et qui ont eu l'occasion de discuter ou jouer avec lui,
vous avez eu de la chance."
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