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Le recyclage, est-ce que ça marche sur CS ?

Les retours de Golden et flusha chez fnatic d'un côté, de GuardiaN chez Na'Vi d'un autre, plusieurs mois voire années après leurs départs initiaux de ces structures, mettent en exergue un phénomène qui n'est pas si commun que ça, sans être non plus complètement rare : les retours de joueurs dans d'anciennes équipes ou structures qu'ils avaient auparavant quittées ou dont ils s'étaient fait évincer.

Alors, le recyclage porte-t-il ses fruits sur Counter-Strike ? Donner une seconde vie à d'anciens joueurs est-il une piste à suivre ? Les fortunes sont diverses selon les cas, certains portant fièrement les couleurs de l'économie circulaire, d'autres peinant à convaincre des bienfaits du tri dans la poubelle verte. À noter que cette petite rétrospective n'abordera pas les cas de joueurs écartés puis réintégrés seulement quelques jours ou semaines plus tard. Pas de -seized +seized donc, ni de -chrisJ +chrisJ -chrisJ +chrisJ, le Néerlandais étant depuis un bail engagé dans une histoire de je t'aime moi non plus avec mousesports.

kioShiMa chez EnVyUs

Écarté en mars 2016 Revenu en février 2018

Plus rien ne va chez EnVyUs depuis son sacre en Major à la DH Cluj-Napoca, à l'automne 2015. L'équipe française a conquis le plus beau des titres mais la gueule de bois qui a suivi s'éternise. Alternant le bon et le moins bon pendant plusieurs mois, elle se crashe finalement définitivement aux IEM Katowice 2016, terminant dernière de son groupe en perdant même contre les Bulgares d'E-Frag. Suite à cette déconvenue et pour tenter de se relancer avant le prochain Major, nV écarte kioShiMa au profit de DEVIL. L'ancien champion du monde avec Clan-Mystik se retrouve donc à la rue et va même gagner un surnom peu flatteur, "the problem", après une déclaration maladroite de kennyS.

La scène française étant bouchée, kioShiMa décide de partir à l'international. Et cela va plutôt lui réussir puisqu'il va rebondir et rester plus d'un an chez FaZe, devenant l'un des francophones à connaître le plus de succès dans une équipe étrangère sur CS:GO. Mais là encore, les choses vont finir par se gâter courant 2017. Mis sur la touche au profit d'olofmeister après un PGL Major raté, le tricolore va rester inactif quelques temps avant de repointer le bout de son nez sur la scène française du côté d'une structure qu'il connaît bien, EnVy.

Il se sert des WESG, joués en équipe nationale et pour lesquels le Belge ScreaM ne peut donc pas participer, pour remettre un pied dans l'équipe, puis profite du Major cauchemardesque de la formation à Boston pour (ré)intégrer la line-up de manière permanente en février 2018. De sa précédente aventure terminée deux ans plus tôt, ne reste plus qu'Happy. L'autre gros point commun, en revanche, est qu'EnVy rame toujours autant.

Alors, retour gagnant ?

Non. Le navire EnVyUs était déjà en perdition depuis un moment et le retour de kioShiMa ne permettra pas de le sauver. En trois mois, les Français vont se faire éliminer dès les poules de la DH Masters Marseille, de la DH Tours, se faire reléguer d'ESL Pro League et tomber en barrages de relégation en ECS. Difficile de faire pire. La structure finit par lâcher l'affaire en juin et libère tout le monde. EnVyUs en France, c'est terminé. Pour kioShiMa aussi, et probablement pour de bon.

 

Ex6TenZ / SmithZz chez G2

Ex6TenZ écarté en avril 2016, SmithZz en janvier 2017
Les deux revenus en juin 2018

D'un côté, un leader belge emblématique, écarté de chez G2 en avril 2016 en raison d'un Major de la MLG Colombus terminé une fois de plus dès les poules. Ex6TenZ ne va pas se laisser abattre et repartir du subtop français, chez Team-LDLC, pour construire une équipe plutôt jeune. Elle ira jusqu'en Pro League, jusqu'au Minor Europe, jusqu'à glâner quelques victoires qui font toujours plaisir comme l'édition 2017 de l'ESWC, bien que jouée avec seulement trois adversaires en lice. Et puis à la surprise générale, en février 2018, Ex6TenZ est mis sur le banc par LDLC en raison de désaccords internes. Le voilà de retour au point de départ. Mais il a dans sa manche une carte shox qui pourrait lui donner une nouvelle chance.

De l'autre, un sniper d'élite à l'histoire glorieuse mais qui peine à se maintenir au niveau. En difficultés sur le plan individuel chez G2, SmithZz fait partie du grand shuffle français de début 2017 et est directement impliqué dans le nouveau projet de "super-team" nationale, qui portera les couleurs de G2. Le rôle de coach lui est proposé, il accepte, mettant ainsi fin, pense-t-on, à sa fabuleuse carrière de joueur. Il gardera cette casquette pendant plus d'un an, voguant entre les succès et les échecs de ces protégés.

Quand la situation interne devient intenable chez G2 en 2018, shox fait du pied à SmithZz et Ex6TenZ pour que le premier rebranche la souris et que le second rejoigne l'aventure, ce duo devant remplacer NBK et apEX.

     
 

Je voulais remplacer NBK et apEX. On avait besoin de changements drastiques, on devait changer le coeur de l'équipe et c'était un peu de ma faute. Je voulais les remplacer par Ex6TenZ en tant que leader-in-game et SmithZz en tant que rifle et non en tant qu'AWP.

Avec Ex6 et SmithZz, je visais l'alchimie d'équipe. On voit plus nos coéquipiers que notre famille donc on doit aimer voir nos coéquipiers. Je pense aussi qu'Ex6TenZ, c'était une bonne chose pour lui qu'on l'ait kické parce qu'il était dans une spirale négative. Son niveau était moins bon de mois en mois et ce kick lui a permis de venir avec un nouvel esprit. Jouer avec le subtop lui a permis d'être plus créatif et d'améliorer son lead. J'ai longuement parlé avec lui et j'étais sûr de vouloir encore jouer avec lui. Il ressent le jeu comme je le ressens, il pense comme moi. J'étais vraiment heureux.

Les gens ne peuvent pas avoir une bonne idée du skill de joueurs comme Ex6TenZ ou SmithZz car ils ont les souvenirs d'eux à de mauvais moments de leur carrière. Ils peuvent encore jouer au top niveau. Ex6TenZ en tant que leader a sa vision, il sera toujours là, il travaillera toujours, il te poussera toujours à aller plus loin. On avait parfois 11 heures de jeu par jour avec lui, j'allais dormir et quand je revenais deux heures plus tard, il était toujours là à chercher les stuffs. C'est sa principale qualité.

Et SmithZz est le meilleur coéquipier avec qui j'ai déjà joué, il rend ses coéquipiers meilleurs, il est très généreux, il va tout faire pour que son équipe gagne, lancer des flashs, il ne ressent pas la pression. Je pense que j'ai fait une erreur en lui demandant d'être coach, il était dans une mauvaise passe et j'ai été influencé par la communauté. Quand tout le monde te dit qu'il était mauvais, parfois c'est dur de continuer à y croire. Je pense que j'ai fait une erreur même en tant qu'ami d'arrêter de croire en lui. J'ai jamais joué aussi longtemps sans lui et j'ai réalisé que c'était vraiment important.

shox, expliquant sa volonté de changement en mars 2018

 
 

Mais cette idée ne convainc pas tout le monde et c'est finalement shox qui est écarté de la line-up. G2 tente un pari en recrutant à sa place l'Espagnol mixwell, mais les premiers résultats avec lui sont mitigés. La structure ne laisse que très peu de temps à cette nouvelle composition pour faire ses preuves et trois mois plus tard, donne raison à son ancien leader : NBK et apEX sont mis de côté, mixwell repart en Espagne, shox, SmithZz et Ex6TenZ prennent les choses en main aux côtés de kennyS et bodyy, les deux derniers survivants de l'ancienne version de G2.

Alors, retour gagnant ?

Pour être honnête, pas vraiment. Dès son annonce, ce cinq ne fait pas rêver les foules. La puissance de feu semble limitée, SmithZz n'a quasiment plus touché au jeu depuis son passage en tant que coach, Ex6TenZ, malgré ses qualités de leader, a été écarté de son propre projet quatre mois plus tôt. Au début de l'été, l'ESL One Cologne est porteur d'espoir puisque G2 y arrache un top 5/6 intéressant après avoir battu Na'Vi en Bo1 et mouz en Bo3. Les joueurs semblent déterminés à bien faire, ils répètent un peu partout qu'ils multiplient les heures d'entraînement et travaillent plus que jamais, shox affirme qu'il a pleine confiance en Ex6TenZ.

Ces dires ne trouveront pas de caisse de résonance en tournoi. Au FACEIT Major de rentrée, les Franco-Belges ne remportent que deux Bo1, en overtime, contre C9 et HellRaisers, et perdent leurs trois autres rencontres, synonymes d'élimination dès la ronde suisse. La tournée américaine qui suit est gâchée par deux sorties prématurées, à l'ESL One New York et au cs_summit 3. La sauce ne prend pas. G2 s'en rend compte fin novembre et dit, à nouveau, au revoir aux deux revenants. Ils joueront tout de même un dernier tournoi avec la structure, les finales ESL Pro League S8, où ils montreront, au regret de beaucoup, leur meilleur visage depuis la rentrée, aucune pression ne pesant sur leurs épaules. Ça valait bien une dernière photo de groupe. Cette fois, SmithZz ne reviendra plus.

 

ScreaM chez Titan

Écarté en septembre 2014
Revenu en septembre 2015

Encore un shuffle, cette fois-ci le premier, celui de l'été 2014, pour servir de base à l'histoire de ScreaM. Titan galère depuis de longs mois, l'ESL One Cologne raté l'a encore confirmé. L'heure est au changement. ScreaM est prié d'aller voir ailleurs. "Life is hard, BUT I'M NOT DOWN YET" tweetera-t-il quelques jours après l'annonce de la décision, rangeant ainsi au placard son désir d'arrêter le jeu après ce coup dur.

Viré de chez Titan, pas retenu dans le projet Mercenary qui deviendra ensuite Team-LDLC, ScreaM n'a plus qu'une seule option, Epsilon, avec les autres joueurs du shuffle dans la même situation que lui : Uzzziii, GMX, Sf et fxy0. Mais l'entente entre tout ce beau monde va se révéler impossible et aucun résultat probant ne paraît à l'horizon. Le Belge annonce même en novembre qu'il est prêt à revenir chez Titan si l'équipe souhaite faire appel à lui pour combler la place vide laissée suite au VAC BAN de KQLY. Son ancienne organisation préfèrera faire sortir de son garage un tank poussiéreux, RpK.

Déjà tombé bien bas, ScreaM aurait pu connaître pire lors de l'affaire des matchs truqués d'Epsilon. Niant toute implication lors de la rencontre suspecte remontant à septembre 2014, malgré les accusations de GMX, il échappera à toute sanction, contrairement à fxy0, Uzzziii et GMX, bannis à vie des compétitions Valve.

Passé tout près du game over, le Belge va finalement trouver une planche de salut à l'international en prenant part au projet Kinguin au printemps 2015. Avec d'autres orphelins de leur scène, Maikelele, SKYTTEN, rain et fox, il va composer une line-up plutôt alléchante, qui sera l'une des premières à prouver qu'un cinq cosmopolite peut fonctionner. Et pavera le chemin de ce qui sera, à l'avenir, FaZe.

En quelques semaines, Kinguin parvient à se qualifier pour l'ESL One Cologne, deuxième Major de l'année, y atteindre les quarts de finale, puis remporter un peu plus tard la Gaming Paradise, l'un des tournois les plus anarchiques jamais joués sur CS:GO. Mais sous ce succès apparent se cachent des tensions internes, inévitables entre coéquipiers de culture et de mentalité différentes.

Désireux de revenir jouer en France, ScreaM saute sur l'occasion quand une vieille connaissance l'appelle. Niak, manager de Titan, l'informe du souhait de son équipe de remplacer Maniac. Un Belge pour prendre la place d'un Suisse. ScreaM est bien de retour chez Titan, retrouvant SmithZz et Ex6tenZ, renouant avec shox, et découvrant RpK.

Alors, retour gagnant ?

Sur le moyen terme, oui. Sur le court terme, non, parce que Titan na va pas réussir à écrire une fin différente de celle du reste de son histoire. Jusqu'à fin 2015, les résultats en demi-teinte s'enchaînent. La structure ferme finalement ses portes et toute l'équipe de l'époque est transférée quelques temps plus tard chez G2. Il faudra encore attendre deux mois et la mise à l'écart d'Ex6TenZ, qui coïncide avec la prise de lead de shox, pour que ce retour paie enfin. Le duo shox-ScreaM se rappelle aux vieilles heures de VeryGames et se révèle dévastateur. La headshot machine se dérouille et les one action fleurissent.

G2 accroche un titre prestigieux, aux finales ECS S1, dispute une finale d'anthologie, finalement perdue contre Luminosity aux finales ESL Pro League S3, et marque le printemps de son empreinte. La suite de la saison sera plus compliquée, la formation ne pouvant plus compter sur l'effet de surprise et se heurtant à ses défaillances stratégiques et collectives. Malgré tout, ScreaM conclut l'année en beauté en s'offrant une 9ème place au Top 20 HLTV. Il réintègre ce classement trois ans après sa première apparition en 2013, en ayant donc raté deux éditions entre temps, un écart que deux autres joueurs seulement parviendront à égaler (3 ans pour KRiMZ entre 2015 et 2018, 4 ans pour Xyp9x entre 2013 et 2017).

Cette démonstration individuelle ne suffira pourtant pas pour qu'il intègre la nouvelle line-up francophone n°1 formée début 2017 suite à un énième shuffle. shox et bodyy y sont, SmithZz aussi en tant que coach, ScreaM reste sur le quai, la répartition des rôles ne lui offrant aucune place dans ce projet. La suite de sa carrière, chez EnVyUs, ne lui permettra pas d'atteindre les sommets, bien qu'un peu éphémères, qu'il a pu connaître chez G2 après son retour. Donc sur le long terme, ce n'était pas non plus un comeback pleinement accompli.

 

kennyS chez VeryGames / Titan

Écarté en mai 2013
Revenu en avril 2014

Véritable pépite révélée en 2011, kennyS avait intéressé VeryGames dès ses premiers pas en lan, mais la structure n'avait finalement pas voulu prendre le risque de recruter un joueur aussi inexpérimenté. Un choix sur lequel elle reviendra rapidement en faisant machine arrière quelques mois plus tard, pour le récupérer au printemps 2012. CS:GO ne va pas tarder à sortir. La transition va arriver. Et kennyS ne va pas la rater.

Il s'impose comme l'un des meilleurs joueurs sur cette nouvelle version et constitue l'une des principales armes de VG. Mais en face, les Ninjas in Pyjamas sont trop forts et enchaînent les victoires face aux Francophones. Les mois passent et ce résultat se répète encore, encore, et encore. Aux finales ESEA XIII, VeryGames subit la défaite la plus cruelle possible contre les Suédois, 14-16 / 14-16, avant de connaître quasiment la même chose en loser bracket face aux Américains de Quantic, 20-22 / 14-16. Ce voyage à Dallas sera le dernier pour kennyS sous les couleurs rouge et blanche. Ce plafond de verre à l'international et le manque d'expérience toujours réel du sniper ont raison de lui. shox prend sa place.

Après avoir séché ses larmes, pas facile de gérer un kick de la meilleure équipe nationale à 17 ans, kennyS va retrouver la scène française et enchaîner les structures : Team-LDLC dans un premier temps, puis WarMaker un court moment, et WeGotGame à la fin de l'année, qui recevra le soutien de Recursive pour aller disputer le premier Major de l'histoire, en novembre, lors de la DH Winter. Il côtoie un très grand nombre de personnalités dans toutes ces équipes : apEX, Happy, Maniac, Sf, GMX, mais aussi SIXER ou Ozstrik3r. Il est même tout près de partir, de manière assez improbable, chez Na'Vi, mais l'anglais à la sauce russophone lui fait dire non au dernier moment.


kennyS à la place de GuardiaN chez Na'Vi, ça a failli se réaliser

Début 2014, il atterrit finalement chez Clan-Mystik aux côtés d'HaRts et kioShiMa après une grande vague de changement qui aura impacté toute la scène française sauf Titan, nouvelle maison des ex-VeryGames. Il aurait pu y rester un moment, mais tout va de nouveau changer rapidement. La raison : Titan ne performe pas. La meilleure équipe française est passée à côté de son Major, aux EMS Katowice, et peine à se relancer depuis. Son choix d'avoir recours à une gaming house a également provoqué des heurts dans la formation, notamment pour shox qui s'acclimate difficilement à ce nouvel environnement. La cocotte siffle et finit par exploser. shox s'en va. kennyS revient. Un an plus tard, les deux hommes se croisent à nouveau, mais cette fois en sens inverse. Ils ne joueront toujours pas ensemble, alors que l'un est considéré comme le meilleur rifle français et l'autre comme le meilleur sniper. Une anomalie qui ne sera réparée qu'en 2017 grâce à la formation de la superteam G2.

En attendant, en avril 2014, kennyS retrouve exactement la même équipe qui l'avait exclu un an plus tôt. Ex6TenZ, SmithZz, NBK et ScreaM. Deuxième chance.

Alors retour gagnant ?

Sur le plan collectif, non. Titan ne marche toujours pas, Titan n'a de toute façon jamais marché à quelques exceptions près. La line-up enchaîne les résultats décevants, les sorties en poules en Major, les matchs perdus alors qu'on la donnait favorite. Entre son retour et l'été 2015, où il partira chez EnVyUs, kennyS n'ajoutera que deux lignes à son palmarès : la DH Stockholm Invitational II, en septembre 2014, et la Gamers Assembly, en avril 2015. À cela s'ajoutent quelques médailles d'argent et de bronze glanées de-ci de-là, mais rien qui rend justice à son niveau de jeu démentiel déployé durant cette période.

Parce que sur le plan individuel, oui, incontestablement, kennyS va faire un retour plus que gagnant. Personne ne peut contester le statut de meilleur joueur du monde qui lui était dû fin 2014. Il se hisse à la 6ème place du Top 20 HLTV malgré des résultats d'équipe quasiment inexistants, grâce à des statistiques individuelles complètement ridicules qui le placent premier dans un nombre incroyable de catégories.


Des #1 en pagaille en 2014 après une année colossale au niveau personnel

Avec Titan, il ne descendra pas en-dessous des 1.10 de rating par événement sur toute l'année 2014. Fou. Ses 50 frags en 42 rounds sur Inferno contre fnatic, lors de la finale de l'IOS Pantamera en février 2015, sont gravés dans la légende.

kennyS définit lui-même ce retour comme "le tournant de sa carrière". Celui qui a confirmé qu'il n'était plus un petit jeune immature doté d'un talent fou à l'AWP, mais bien un joueur solide capable de sortir de grandes performances tout le temps, qu'importe l'adversaire ou la forme de ses propres coéquipiers.

 

Zeus chez Na’Vi

Écarté en août 2016
Revenu en août 2017

Leader historique de Na’Vi, présent dans l’organisation depuis sa création début 2010, Zeus a tout connu avec cette équipe. Le triomphe sur 1.6, les difficultés à s’adapter à Global Offensive, puis la lente montée en puissance des joueurs de l’est, jusqu’à remporter leurs premières lans et à intégrer l’élite mondiale. Na’Vi passe tout près de l’exploit ultime une première fois fin 2015, en échouant en finale du Major de la DH Cluj-Napoca, alors qu’elle y arrive en tant qu’outsider. Cinq mois plus tard, deuxième essai et nouvel échec, toujours en finale du Major, cette fois-ci à la MLG Colombus. Na’Vi n’arrive plus à conclure, Na’Vi se met à douter. Une élimination dès les quarts de finale du Major suivant, l’ESL One Cologne, scelle le sort de Zeus. Le voilà remplacé par le jeune s1mple, destiné à devenir le meilleur joueur du monde.

Zeus va alors sur ses 29 ans. Il aurait pu s’arrêter là. Profiter de cette mise à l’écart pour annoncer sa retraite. Ça n’aurait pas été honteux, sa carrière était déjà immense. À la place, il va préférer écrire l’une des plus belles histoires qu’ait connu Counter-Strike. Et asseoir un peu plus son statut de monument vivant.

Il rempile chez Gambit en octobre 2016 et va amener cette formation tout en haut. Brièvement, certes. Le temps d’un tournoi, en fait. Mais tout le monde s’en fiche, car c’était un Major. Et c’est bien là qu’il faut être bon. Ça ne se fera pas immédiatement. Gambit se forge d’abord une réputation en remportant la DH Winter, puis en obtenant le statut de Légende à l’ELEAGUE Major et en s’accaparant également la DH Austin. C’est bien, mais ses résultats restent inconstants, notamment en ligne. Le PGL Major approche et conserver son titre de Légende semble être le seul objectif atteignable pour Gambit. Mais la line-up va faire bien mieux que ça.

Elle va boucler la ronde suisse en 3-0, sécurisant très vite une place en quart de finale. Là-bas, fnatic est écartée 2-0, avant que le grand favori Astralis ne passe à la trappe en demie, 2-1. La finale contre une autre surprise totale, Immortals, tournera également à l’avantage de Zeus et ses hommes, 2-1. En moins d’un an avec Gambit, le leader ukrainien a réussi là où il avait échoué pendant trois ans avec Na’Vi : triompher en Major.


Y avait-il plus heureux que Zeus dans le monde à ce moment-là ?

Côté Na’Vi justement, l’heure n’est pas à la fête. Depuis l’éviction de Zeus un an plus tôt, rien ne va plus. seized n’assure pas en meneur, s1mple et GuardiaN peinent à cohabiter. En parallèle, des rumeurs courent sur une ambiance interne pas au top chez Gambit, malgré la victoire au Major. Les joueurs voudraient remplacer le coach kane. Zeus les prévient : si kane s’en va, il part aussi. Il ne se dégonflera pas le moment venu. Défiant toute logique, Zeus quitte donc l’équipe avec laquelle il vient de réaliser le hold-up du siècle pour retourner chez Na’Vi, qui a besoin d’un vrai leader. Et tenter d’inscrire un second Major à son palmarès, cette fois-ci avec sa structure la plus emblématique.

Alors, retour gagnant ?

Oui. D’accord, Na’Vi n’a toujours pas mis la main sur un Major. Mais le retour de Zeus lui a fait un bien énorme, tout comme l’arrivée d’electronic quelques semaines plus tard. La formation avait connu une année 2017 morose, et ces transferts vont lui permettre de se sortir de ce bourbier. En 2018, elle va s’imposer, avec Team Liquid, comme l’une des plus sérieuses rivales d’Astralis, même si elle ne sera pas capable de battre l’équipe danoise en finale du FACEIT Major de Londres. Qu’importe, d’autres beaux succès viendront couronner son année, notamment à l’ESL One Cologne, aux BLAST Pro Copenhague ou à la StarLadder i-League S5. Zeus a beau être critiqué pour son niveau de jeu individuel faiblard et son apport stratégique loin d’égaler celui d’un gla1ve ou d’un B1ad3 en son temps, le constat est simple : quand il n’était pas là, Na’Vi a galéré ; quand il revenu, Na’Vi s’est remise à performer.

Début 2019, il annonce que cette année de compétition est sa dernière. Une fois encore, il tient parole et après un StarLadder Major moyen, déclare qu’il arrêtera en septembre. La BLAST Pro Moscou fut sa dernière lan disputée en tant que capitaine de Na’Vi, une structure à laquelle il aura tant amené mais qu’il aura dû quitter pour aller chercher le plus beau des trophées.

 

STYKO chez mousesports

Écarté en juin 2018
Revenu en octobre 2018

Belle surprise de la première moitié 2018, avec plusieurs lans remportées à son actif et un statut de Légende acquis en Major, mousesports fait figure d’outsider partout où elle passe et a une place bien établie dans le top 10 monde. Mais l’équipe veut plus. Gagner de temps en temps ne suffit pas. En juin, elle annonce donc le remplacement de STYKO, considéré comme le joueur le plus faible de l’équipe, par Snax, monstre polonais de Virtus.pro, quatre Top 20 HLTV au compteur dont trois dans le top 5. Sur le papier, il n’y a pas photo, mouz y gagne largement en termes de skill pur.

Pas question de profiter des vacances pour se reposer et oublier tout ça, STYKO décide d'aller au charbon et se fait prêter chez Cloud9. Il n’y restera qu’un peu plus de deux mois, mais deux conclusions pourront être tirées de cette période. La première, c’est que le Slovaque peut être un très bon fragger individuel. Dans un rôle plus individualiste chez C9, il redore ses statistiques et prouve que sa place chez mouz n’était pas usurpée.

La seconde, et cette fois-ci il faut regarder du côté de mousesports, c’est que l’intégration de Snax ne prend pas vraiment. S’il est très fort et très malin, il doit s’adapter à des rôles et des positions qu’il ne connaît pas, le tout en communiquant en anglais, ce qui n’est pas son point fort. mouz se met à chavirer. C’est quand il n’est plus là que l'équipe se rend compte de l’importance qu’avait STYKO pour son équilibre interne.

     
 

Le plus gros problème quand Snax est arrivé a été la communication, mais ce n'était pas forcément de sa faute. Par exemple, il y avait beaucoup de situations, quand STYKO était encore dans l'équipe, où il communiquait pour les autres. Si je rushais le mid et que je ne pouvais pas vraiment parler, il le faisait pour moi et disait aux autres ce qui allait arriver ensuite.

Cela a changé quand Snax nous a rejoint. Il communiquait bien de lui-même, et il nous comprenait, mais écarter STYKO nous a fait prendre conscience que notre communication était imparfaite et qu'il était alors pour beaucoup dans le succès que l'on avait eu.

suNny, joueur de mouz, expliquant les difficultés rencontrées suite au remplacement de STYKO par Snax

 
 

Le succès à l’ESL One New York ne suffira pas à sauver Snax. Trois mois et demi après son arrivée, il n’est pas gardé, et l’organisation décide de réintégrer STYKO en tant que titulaire dans le cinq.

Alors, retour gagnant ?

Non. L’espoir était pourtant grand qu’un simple retour de STYKO suffise à passer l’éponge sur les quatre mois précédents, mais il n’en a rien été. L’équipe internationale peine à retrouver ses marques d’antan. Sa médiocre 5/6ème place au Minor Europe de début 2019, qui la prive du prochain Major, confirme que la machine n'a pas redémarré. Pour la deuxième fois en sept mois, STYKO est écarté, et il n’y aura pas de troisième chance. mouz entame une vague de grands changements qui n’épargnera que deux joueurs : ropz et l’inoxydable chrisJ, membre de la structure depuis 2013, qui aura survécu à tous les chamboulements et probablement connu plus de coéquipiers différents que n’importe qui d’autre sur la scène.

 

KRiMZ, JW et flusha chez fnatic

KRiMZ, JW et flusha, partis en août 2016 KRiMZ revenu en octobre 2016, JW et flusha en février 2017

La France n'a pas le monopole des shuffles et à l'été 2016, la Suède décide d'en mijoter un. fnatic et GODSENT sont au cœur du sujet et les transferts vont bon train. JW, flusha et KRiMZ quittent la première équipe pour la seconde, rejoignant pronax et znajder. Ils délaissent ainsi une organisation chez laquelle ils étaient présents depuis trois ans pour les deux premiers, deux ans pour le dernier, et qui leur a permis de se hisser sur le toit du monde à de multiples reprises.

Tout le monde a hâte de savoir ce que donnera cette nouvelle line-up, qui n'est pas sans rappeler le cinq fnatic vainqueur du premier Major de l'histoire trois années auparavant, Devilwalk étant à l'époque présent à la place de KRiMZ. Et les premiers résultats vont s'avérer peu probants. L'équipe ne passe pas les poules pour sa première sortie à la StarLadder i-League S2 et échoue 1-3 contre mouz au Gfinity Invitational. Elle décroche bien un succès prestigieux contre Astralis aux finales européennes des WESG, après avoir été menée 5-16 / 2-13, mais échoue ensuite dès les 1/4 de finale contre Dignitas.

C'est assez pour que KRiMZ regrette son choix. Deux mois à peine après son arrivée, le divin chauve se rapatrie en urgence chez fnatic, laissant Lekr0 revenir chez GODSENT. JW et flusha tiendront un trimestre de plus, le temps de gagner le Minor Europe et de se qualifier pour l'ELEAGUE Major. Mais à Atlanta, la formation échoue dès la ronde suisse en perdant son match décisif contre North, 17-19.

Cette bouffée de nostalgie aura agité la scène et fait naître quelques espoirs un peu fous sur un retour au premier plan de pronax et znajder, mais la réalité du serveur en aura décidé autrement. Comme KRiMZ avant eux, JW et flusha se disent que chez fnatic, ce n'était finalement pas si mal. Six mois après les changements, la line-up fnatic post-shuffle est donc reformée : dennis et olofmeister qui n'ont pas bougé, flusha, JW et KRiMZ qui sont revenus.

Alors, retour gagnant ?

Pas franchement. Mais la barre était très haute. Fin 2015 et début 2016, cette composition fnatic était indiscutablement la meilleure du monde, avec six tournois gagnés en autant de joués après l'arrivée de dennis. Quand elle a ensuite rencontré ses premières difficultés, elle n'a pas réussi à réagir, d'où ce shuffle sorti de nulle part qui était censé redonner un coup de motivation à tout le monde. Maintenant que chacun avait vu qu'ailleurs, c'était pas évident, les retrouvailles devaient déboucher sur une résurgence de la puissance de ce cinq et un succès retrouvé.

     
  En repensant à notre séparation en août dernier, c'était vraiment une décision hâtive basée sur nos émotions plus que sur les résultats.

Notre perception de nous-mêmes nous a amenés à penser que tout autre résultat qu'une victoire lors de chaque tournoi n'était pas acceptable et la pression qui s'est installée avec cette mentalité n'était clairement pas bonne. Même les meilleurs ne peuvent pas gagner chaque tournoi et c'est normal. Nous en avons pris conscience et nous avons grandi.

Nous sommes maintenant concentrés, déterminés et confiants à 110 % et nous allons travailler nuit et jour pour récupérer la place de numéro un dans le monde.

vuggo, ex-coach de fnatic passé ensuite manager, évoque le retour de JW et flusha en février 2017

 
 

Sauf qu'en un an, le jeu et la scène ont évolué. Une équipe qui avait dominé auparavant ne va pas retrouver sa couronne en un claquement de doigts. Et les Suédois vont bien s'en rendre compte. Ils sont éliminés dès les poules aux IEM Katowice, aux finales Pro League S5 et ECS S3. S'ils atteignent la finale à la DH Summer, perdue 1-2 contre SK, c'est pour mieux échouer à l'ESL One Cologne, top 9/11. Un PGL Major décevant terminé dès les 1/4 de finale contre Gambit, défaite 0-2, aura raison de leur volonté.

Cette fois, les deux qui étaient auparavant restés s'en vont. olofmeister va voir du côté de FaZe, dennis rétrograde chez GODSENT. JW, flusha et KRiMZ accueillent Lekr0 et Golden, avec lesquels ils passeront d'autres bons moments. Mais leur précédente équipe n'aura pas réussi à revivre son glorieux passé.

 

TACO et felps chez SK / MiBR

TACO parti en avril 2018, felps écarté en octobre 2017
TACO revenu en décembre 2018, felps en janvier 2019

Grand espoir de la scène brésilienne, felps arrive chez SK Gaming début 2017. Son style de jeu très agressif fait craindre la cohabitation avec fer, dont la manière de jouer est très similaire. Mais SK n'en a cure et va réaliser une très bonne première partie de saison, gagnant entre autres les IEM Sydney, la troisième saison des ECS et l'ESL One Cologne.

Les performances se dégradent lors du PGL Major estival, élimination en 1/4, puis durant les compétitions de rentrée. Logiquement pointé du doigt, felps finit par être écarté et supplanté par boltz, au profil complètement inverse de lui.

Les résultats s'améliorent un temps avant de replonger en 2018. Les WESG, où SK se fait éliminer dès la première phase de poules en étant incapable de battre BIG et l'équipe nationale russe, sont l'humiliation de trop. TACO dit au revoir à sa formation historique pour prendre un nouveau départ et se relancer ailleurs. Il atterrira chez Team Liquid où il réalisera une saison 2018 brillante, entâchée par la domination d'Astralis mais où Liquid s'affirmera comme la deuxième meilleure formation du monde.

Pendant ce temps, felps va enchaîner les projets peu convaincants dans les méandres brésiliens, d'abord chez Não Tem Como puis avec INTZ. Les bonnes performances restent rares, même si felps profite de cette période compliquée pour gagner en maturité. Il occupe le rôle de leader-in-game durant certaines périodes et semble mieux comprendre la dynamique collective d'une équipe, comme il l'admettra lui-même lors d'un long entretien mené avec HLTV.

Cet homme nouveau, ses anciens coéquipiers sont prêts à lui donner une nouvelle chance. Passés chez Made in Brazil, les ex-SK ont perdu leur pari de faire briller une line-up brésilo-américaine. Les recrutements de Stewie2K et tarik ont été des échecs. Fin 2018, il est temps de revenir aux bases.

TACO est rappelé, et échangé contre Stewie2k. Le quatuor vainqueur de deux Majors renaît. Mais il peine à trouver son cinquième joueur. Il aimerait kNg, mais la structure dit non en raison de sa mauvaise réputation. Dans ce cas-là, pourquoi pas la jeune pousse KSCERATO ? Non plus, racheter son contrat chez FURIA serait trop cher. Alors il se tourne vers son troisième choix, felps. FalleN, fer, coldzera, TACO, felps, la formation de 2017 est à nouveau au complet.

Alors, retour gagnant ?

Pas du tout. Les problèmes auxquelles avaient été confrontés cette équipe plus d'un an plus tôt vont de nouveau apparaître. felps ne se fond toujours pas dans le cinq, la cohésion d'équipe est absente, les joueurs ne se comprennent pas. Chez eux, pour la BLAST Saõ Paulo, les MiBR finissent derniers, impuissants lors de leurs cinq rencontres et s'inclinant même lors du showmatch. Aux finales ESL Pro League S9, coldzera lâche en interview que "l'équipe ne fonctionne pas très bien".

     
 

On ne sait pas quand on doit se battre ensemble ou quand on doit jouer prudemment. [...] Quand on est agressif d'un côté de la map, les joueurs de l'autre côté ne comprennent pas qu'ils doivent être prudents, ils essaient d'être encore plus agressifs. Quand ils meurent, cela créé beaucoup de trous et l'on perd le contrôle de la map.

coldzera, dans une interview en juin 2019

 
 

Le miracle n'a pas eu lieu, l'alchimie ne s'est toujours pas créée. Comme la première fois, felps finit donc par être remplacé par un joueur au style bien plus posé, LUCAS1. Durant l'été 2019, un autre coup de tonnerre touche l'équipe lorsque coldzera demande à partir, agacé des mauvais résultats des siens. Une page de l'histoire de la scène brésilienne, et même de la scène Counter-Strike tout court, se tourne. Non, définitivement, le retour de TACO et felps n'aura pas été gagnant pour MiBR.

Merci à Elnum pour les bannières
Crédits photo : HLTV, DreamHack, Draft5

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