Si vous étiez sur le stream officiel après la victoire des Vitality sur fnatic, qui les a qualifiés pour la Spodek Arena, vous avez forcément entendu ceci : apEX a enfin brisé la malédiction. Et pour cause, l’ancien ouvreur français n’avait pas atteint les playoffs à Katowice depuis... 2014. Retour sur ces années difficiles.
2015 : Un derby cruel et une blitzkrieg
En ce début 2015, apEX se trouve chez Titan, leadé par Ex6TenZ et épaulé par RpK, Maniac et kennyS. Le roster, même si considéré comme une menace, ne figure pas tellement parmi les favoris pour gagner le tournoi. Il ne tient qu’à apEX et ses coéquipiers de se sortir de l’ombre d'EnVyUs, tenante du titre, sur le serveur.
Cette occasion leur est en effet donnée dès le début du tournoi : Titan est tombée dans la poule de nV, aux côtés des Allemands de PENTA ainsi que des Norvégiens de LGB. Format GSL oblige, chaque match a une importance capitale, et apEX doit affronter ses compatriotes dès la rencontre d'ouverture.
Le match est très serré, aucune équipe ne parvient réellement à se détacher avant le 26ème round, où Titan mène 14-12 avec un avantage économique massif. Mais soudainement, l'équipe perd tous ses duels, à l’image d’un round 27 où les entrys vont dans le sens de nV. La bande d’Happy remonte frag par frag, round par round tant la défense Titan semble désorganisée, et finit par s'imposer 16-14. Difficile d’expliquer un tel retournement de situation : une peur de gagner ? Un coup de malchance qui relance nV dans un momentum gagnant ? Ou le début d’une malédiction ?
Le début d’une malédiction, ça ne l’est pas encore : Titan n’a perdu que le premier match contre l’un des gros favoris du tournoi et est toujours maître de son destin. Pour continuer, il faut d’abord outrepasser les Allemands de PENTA, tout juste giflés 16-3 par LGB.
Mais rien n’ira sur Cache. Titan remporte quatre rounds très poussifs en début de side terro, puis s’écroule et perd 4-16. Pour apEX, la sentence est encore pire : 0,40 de rating et aucun kill sur le côté CT. Il le dira lui-même, ce n’était pas son jour.
C'est pour ça qu'on a perdu contre PENTA, on était trop dégoûtés de perdre contre EnVyUs, on était encore dans le match contre eux. [...] J'ai probablement joué mon pire event. apEX en interview après l'élimination de Titan |
2016 : Bon dernier
2016 a été une année bizarre pour apEX, transféré depuis la saison précédente chez EnVyUs, et son passage à Katowice en est un excellent témoin. Dans un format peu commun de round-robin, où les équipes cadors – normalement les plus régulières – sont récompensées, nV finit dernière de sa poule.
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Le revers d’entrée contre Astralis portait déjà des éléments d’inquiétude : EnVy n’avait en effet remporté que trois rounds sur son side d’attaque, ce qui laissait présager des problèmes offensifs récurrents qui ont empoisonné cette équipe toute son existence. La défaite 16-14 contre Virtus.pro juste après ne rassure pas tellement. Même si NBK a montré un sursaut après sa map fantomatique contre Astralis, l’équipe a manqué d’un vrai facteur clutch pour s’en sortir face à un adversaire qui n’était pas vraiment dans son meilleur jour.
Tous les espoirs n’étaient cependant pas encore perdus : nV ne visait plus la première place mais si elle venait à remporter ses trois prochains matches, elle s’assurerait presque une qualification. Elle commence d’ailleurs bien sa remontée, avec un 16-12 entreprenant contre Faze, acquis proprement sur une prestation homogène de l’équipe, chaque joueur y allant de son skill. Et puis est arrivé le match contre Tempo Storm. Une quasi-débâcle. Un side CT qui n’a jamais été convaincant sauf vers la toute fin, 5-10, et un side terro qui tourne à la bérézina : 16-7 pour les Brésiliens, qui n'étaient alors que 24èmes au classement HLTV.
C’est fait, nV est éliminée avant de jouer son dernier match contre les Bulgares d’E-Frag qui, bien contents de pouvoir s’éviter la cuillère en bois, se donnent à fond et l’emportent après un double overtime rocambolesque, 22-19.
2017 : Impossible d’échouer en poule si on ne se qualifie même pas
Après avoir formé G2, la fameuse "super team", on aurait pu s’attendre à un départ tonitruant en terre polonaise. Mais on n'a même pas eu l’occasion d’avoir un espoir de succès français à Katowice car lors de la qualification européenne, G2 s’écroule au tout dernier match contre Heroic, déjà mené par cadiaN, dans une rencontre bien médiocre où seul NBK tient son rang. Pas de Pologne pour apEX et ses compatriotes, il faudra encore attendre un an.
2018 : Le début de la saga "Win-Lose-Lose"
Aucune crainte de ne pas se qualifier cette fois, G2 est invitée directement et a un très fort désir de se relancer après plusieurs échecs, dont cette défaite en quart de finale du Major de Boston un mois plus tôt contre les futurs champions de C9.
Le tournoi commence bien. Si G2 hérite d’une poule difficile, les Français assurent leur entrée en mettant un 16-12 plutôt propre à Virtus.Pro, qui n’est certes plus ce qu’elle était, MICHU ayant remplacé TaZ, mais en lan polonaise, c’est toujours un match piège. C’est la suite cependant qui va se gâter puisque G2 ne s’est pas encore sorti de ses écueils sur le serveur. Le match suivant contre fnatic, perdu 2-1, montre encore des soucis de système et de coordination. Le retour de shox au lurk et l’usage avangardiste du Krieg de NBK ne sont pas suffisants pour venir à bout de l’éternel bourreau venu de Suède.
Vient ensuite le match contre les NiP, compatriotes de fnatic, et c’est là que tout se déteriore. Le skill individuel de la superteam permet à G2 de déployer un jeu direct plutôt efficace en terro, mais le side CT pêche. La première carte se joue sur un rien, 16-14 pour NiP sur Cache, la deuxième est une promenade de santé, 16-6 pour G2 sur Mirage, puis arrive Inferno.
La malédiction se réveille. Si fnatic était simplement un cran au-dessus et ira gagner le tournoi, NiP était au contraire beaucoup plus abordable, et G2 fait ce que les line-up françaises font historiquement de mieux : perdre des rounds imperdables.
Ce round rappelle de très mauvais souvenirs, le regarder se fait à vos risques et périls.
On essaie plein de choses, ça ne marche pas, on essaie quelque chose d'encore différent, ça ne marche pas... Et quand on trouve enfin un truc, ça ne tient pas, il y a toujours quelque chose qui manque. |
L’autre problème auquel G2 est confronté est celui des mains de shox, qui doit se faire opérer rapidement après Katowice. Mais si on doit être honnête, il n’y a pas d’individualité faible à pointer du doigt côté G2, tous les joueurs ont été équitablement moyens ce jour-là. Bilan final : une victoire, deux défaites, habituez-y vous parce que cela va se répéter.
2019 : Une marche un peu trop haute
Quatrième équipe pour apEX dans cet article : Vitality, cette fois-ci pour un projet bien différent. Fini les superteams, place à un mix de jeunesse et d'expérience. Format Major pour Katowice en 2019, et Vitality débute bien mal, 8-16 contre TYLOO, mais se reprend bien par la suite avec trois victoires : un overtime beaucoup trop stressant contre Grayhound, un 16-1 contre Vega Squadron et un 2-0 contre ViCi (après encore un overtime).
Place au Legends Stage, qui débute bien mieux avec un 16-11 convaincant contre BIG. NAVI s’avère cependant être d’un trop haut calibre pour un Vitality manquant d’expérience mais qui accroche tout de même un triple overtime.
Le troisième match les oppose à C9, et on croit assister à un tournant. Face à une grosse adversité, les Vitality jouent les patrons et gagne ce match au forceps, 16-14, grâce notamment à un clutch old school de RpK et un lead très efficace d’ALEX. Il ne reste qu’un seul bo3 à gagner pour avoir sa place en playoffs. Les Français ont deux chances pour y parvenir et paraissent en forme : tout semble réuni pour qu’apEX retrouve le chemin de la Spodek Arena.
Le quatrième adversaire de Vitality est Renegades, un opposant jouable mais qui n'a jusque-là perdu que contre Astralis. Vitality se défend bien, apEX trouve même son hero play pour voler le map pick des Australiens. Mais ça ne suffit pas, 5-16 sur Dust2 et 12-16 sur Inferno. apEX et ses hommes vont devoir jouer un match couperet, encore contre ces diables de Ninjas in Pyjamas.
Et comme en 2018, ce sont eux qui stoppent apEX et son rêve de Spodek. Le match a un goût doux-amer. Vitality s’écroule totalement sur Cache alors qu’elle avait dominé cette map contre Renegades, puis gagne Overpass 16-8, mais à la fin, la précision suédoise l’emporte sur Mirage, 16-7. Il n’aura pas manqué tant que ça à Vitality, mais la malédiction règne toujours.
2020 : Une sous-performance individuelle et des regrets
Un an plus tard, apEX se présente encore sous les mêmes couleurs. Un seul changement a eu lieu, shox est venu remplacer NBK. C’est donc une équipe plus rodée qui arrive en Pologne, et qui le fait savoir d’entrée en battant l’éternel nemesis, NiP, 16-12 / 16-10. Cependant, un problème ressort rapidement : Vitality dépend plus que jamais de ZywOo. Dès que le prodige sous-joue, Vitality semble désorientée.
Ainsi, après avoir été logiquement défaits par les numéros 1 mondiaux d'Astralis, le match contre Faze a ainsi été celui d’un ZywOo contre cinq machines. Et là où une structure de jeu plus rigoureuse aurait dû faire la différence, les trois vétérans français se sont effondrés, surtout apEX, dans la lignée d'un tournoi plutôt médiocre pour lui. On ne sait pas trop ce qu’il manquait en 2019 à Vitality pour passer, mais en 2020, il lui manquait véritablement un apEX.
1,44 de rating sur un bo3, et son meilleur coéquipier est à 0,95 : on aurait pardonné ZywOo de flame ses coéquipiers.
Le bilan est donc le même qu’en 2018 : une victoire prometteuse d’entrée, une défaite logique contre plus fort que soi ensuite, et un match avec des regrets à la fin. Cette fois-ci, la carte de la malédiction semble avoir affecté le jeu d’apEX tout entier, et il se retrouve une fois encore à devoir attendre un an, alors même que son compatriote kennyS brise sa propre série noire en allant disputer la finale avec G2, lui qui n'avait auparavant jamais atteint les play-offs.
2021 : Le choke en ligne
C’est probablement la première fois dans cet article où apEX et ses hommes débarquent (virtuellement, Covid oblige) à Katowice parmi les principaux favoris. Mais malheureusement, le scénario est le même qu’en 2020. OG est battue 2-0 d’entrée, puis Vitality fait du Vitality et perd un match qu’elle devait gagner. Contre Liquid, et ce malgré le vol 19-16 de Nuke, choisie par la bande de FalleN, l'écurie française n’arrive ni à conclure Vertigo (10-16), ni à rester solide sur Mirage (12-16). Il est à noter en plus qu’apEX faisait tout juste son retour à la compétition, dans un roster à six bien huilé et qui montait en puissance.
Dans le dernier match contre Virtus.pro, l’entryfragging efficace de YEKINDAR et la solidité de Jame à l’AWP (1,30 de rating) auront raison d’un Vitality au jeu trop basique. La tentative de ramener shox sur Overpass tourne au fiasco puisque celui-ci finit en 9-23 sans jamais réussir à faire fonctionner son lurk. Le style de jeu de VP, chirurgical et patient, ne réussit pas du tout à apEX et ses joueurs. C'était déjà vrai quand les Kazakho-Russes jouaient chez AVANGAR en 2019 et ça n’a pas changé deux ans plus tard. Difficile cependant de blâmer le tirage puisqu’en théorie, Vitality n’aurait jamais dû devoir gagner ce match pour se qualifier.
2022 : Et bis repetita
Cela devient presque incroyable que les événements se ressemblent autant. Vitality arrive en 2022 avec un statut d'outsider suite à l'intégration du duo danois dupreeh-Magisk, les écueils que l’on connaît désormais du roster international n’ayant pas encore jailli aux yeux de tous. Mais comme le pénible match d’ouverture contre MOUZ l’a montré, la machine n’est pas du tout rodée.
Et le problème, c’est que Vitality est ensuite tombée sur deux écuries au contraire très stables. Heroic d’abord, qui tient solidement sa Mirage – nouvellement rejouée pour les Danois qui n’avaient plus foulé cette carte depuis 2018 – et écoeure ensuite son adversaire en overtime sur Inferno, muselant complètement ZywOo et finissant le tout sur un rush B suivi d’un clutch 1v2 de cadiaN.
À la fin de la lecture de cet article, tout ce que vous vouliez voir était évidemment un clutch de CadiaN. C'est cadeau.
Les adversaires finaux de Vitality sont les Russes de Gambit, eux aussi favoris et étonnamment battus par NiP dès le premier tour, puis accrochés par CPH Flames. L’équipe de nafany exploite de nouveau la faiblesse Mirage de Vitality en la repoussant 16-7. Puis c’est encore Inferno qui est jouée, excellente map de Gambit : Vitality n’était pas assez préparée, 12-16, retour à la maison.
2023 : Enfin !
2023 signe l’année des retrouvailles entre apEX et la Spodek Arena grâce à des victoires contre deux vieux ennemis en poule, NiP et fnatic. Certains diront que Vitality a hérité d'un tableau facile, c’est sans doute vrai, mais à ce stade-là, on se réjouit juste de revoir apEX en playoffs, la manière importe peu.
Bon, on préfèrera oublier la gifle prise contre Heroic en finale de poule, ainsi que cet Overpass perdue en quart de finale contre Team Liquid après avoir mené 12-0, ce n'est pas ça qui importe, même si le top 5/6 final reste un peu frustrant. La malédiction est levée, est-ce le signe du renouveau pour un roster Vitality qui sort d’une année décevante en 2022 ?
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