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5 ans de scandales sur CS:GO

Les journalistes s'en régalent, les concernés s'en mordent les doigts, le public adore : les scandales rythment l'actualité et la scène CS:GO n'a bien sûr pas été épargnée. Loin de là. Et la rédaction ne pouvait pas laisser passer une série d'articles anniversaire sans retracer les principaux scandales ayant gravé dans la fresque CS:GO ces cinq dernières années. 

Si la DreamHack Valencia a été la première grande compétition sur le nouvel opus, l'ESWC 2012 a véritablement lancé l'histoire de CS:GO avec un plateau d'équipes venues des quatre coins du monde. Déjà. Les Français retiendront sûrement cette grande finale jouée à huis clos entre VeryGames et NiP, la grande scène étant alors réservée pour une animation sur Trackmania... A l'international cependant, c'est l'affaire cogu qui a fait du bruit. Le sniper brésilien faisait son grand retour avec TargetDown. Ses bagages perdus à l'aéroport, il n'aurait selon lui pas eu le temps de s'échauffer convenablement et pire encore, il aurait joué ses premiers rounds sans son ! Son interview sur HLTV.org où il qualifiait cet ESWC de "pire événement de tous les temps" avait mis le feu aux poudres en ce mois d'octobre 2012. 

Le premier vrai scandale ayant fracturé la communauté en deux camps reste le bannissement des Suédois de WRTT dans un tournoi qualificatif au Thor Open, une lan dotée de 15 000 $. Les projecteurs se sont soudainement braqués sur cette équipe après une victoire 16-0 sur les mythiques Polonais du Golden 5 (Neo, TaZ, pasha & co). Accusés de cheat, ils ont été disqualifiés sans réelle preuve ni justification. Dans leurs rangs se trouvait un certain Jesper "JW" Wecksell, alors peu connu du grand public, mais dont les débuts le prédestinaient décidément à une carrière haute en couleur. 


JW, fournisseur de dramas depuis 2012 !

Après Raphael "cogu" Camargo et le Golden 5, Natus Vincere, autre écurie de légende venue d'1.6, a fait des siennes lors de la Copenhagen Games 2013. Il faut dire que les admins n'ont pas aidé à arranger la situation. Trois équipes à égalité pour seulement deux places en winner bracket. Forcément une allait se retrouver sur le carreau et après de tumultueux retournements de situation et d'interprétation des règles, c'est les Na`Vi qui tombent directement en lower bracket au profit de Fnatic, une équipe danoise à l'époque... Il n'en fallait pas plus pour qu'on appelle au complot et les Natus Vincere, menés par un ZeroGravity (CEO de l'organisation) furieux, ont décidé de quitter la compétition sans même tenter leur chance en lower bracket. 

Cet événement a dévoilé un certain amateurisme du côté des admins et depuis ce jour, les règles concernant les égalités ont été beaucoup plus claires pour tout le monde. Côté Na`Vi, on a fait une croix sur la Copenhagen Games. Plus jamais !

Le 1er mai 2013, on fêtait tranquillement le travail en France (on fête vraiment ça ?) quand un post sur le forum ESEA a soudainement marqué le début d'un séisme non seulement sur la scène CS:GO mais plus généralement dans le monde de l'informatique. Un responsable ESEA aurait implanté secrètement un mineur de bitcoins dans le logiciel anti-cheat d'ESEA utilisé par des milliers de joueurs. Une sournoiserie qui a valu à ESEA ce qui est certainement le plus grand drama de l'histoire de CS:GO tant il touchait directement l'utilisateur lambda. 

En clair, le logiciel utilisait la puissance de calcul des ordinateurs des joueurs à leur insu afin de "miner" du bitcoin, la célèbre crypto-monnaie, et donc de récolter de l'argent sur leur dos. Une technique qui utilisée à une aussi grande échelle pouvait rapporter très gros tout en endommageant potentiellement le matériel des utilisateurs. 

Cette affaire a été portée devant la justice et ESEA a été condamné à une amende de plus d'un million de dollars. Ce scandale a sans doute été le plus relayé dans les médias généralistes déjà très intéressés par les nouvelles formes de monnaie et leurs potentielles limites. ESEA s'est depuis ce jour coltiné une image marquée par les combats si l'on peut dire. Cette affaire est devenue un meme au sein de la communauté qui n'hésite pas à la souligner à la moindre occasion. 


"CS:GO n'a pas d'avenir" / Loord - août 2013

On ne veut pas voir certaines équipes légendaires disparaître. C'est humain. Elles forment l'Histoire. Mais toutes les belles histoires ont une fin. Et parfois les belles histoires se terminent de manière assez pathétique. Demandez plutôt aux Polonais du mythique Golden 5. Après des années de règne sur la scène 1.6, ils ont traversé une crise lourde de conséquences constituant le principal feuilleton de l'été 2013. Ecarté de la formation pour son manque de niveau individuel, Mariusz "Loord" Cybulski n'y est pas allé de main morte au moment de s'exprimer sur ses ex-coéquipiers qui l'auraient trahi après tant d'années...

Une sortie médiatique impressionnante qui n'était que la partie émergée de l'iceberg. A cette époque, les coéquipiers de Wiktor "TaZ" Wojtas jouaient sous les couleurs d'ESC Gaming. Si Loord a été évincé, c'est également le cas d'un autre pilier de l'écurie historique, Jakub "kuben" Gurczynski qui a été contraint de raccrocher sa souris. Tout se passera bien pour lui puisqu'il reviendra aux côtés de ses camarades avec le statut de coach. A l'époque aussi, la super-star en devenir Jaroslaw "pasha" Jarzabkowski était également annoncé à la retraite, l'amoureux du développé couché devant se marier et assurer la suite de sa dynastie. Pendant un temps, le Golden 5 était enterré jusqu'à ce que TaZ et Neo ne soient parvenus à remotiver pasha tout en signant deux jeunes pépites : Snax et byali. La suite, on la connait et il paraît que le père Loord l'a toujours en travers de la gorge. 

Fnatic a sûrement été l'écurie la plus clivante au sein de la communauté. Tant de trophés pour tant de scandales. Nul doute, elle aime être sous le feu des projecteurs pour les bonnes comme les mauvaises raisons. Ce jour de septembre 2013 à la DreamHack Bucarest en témoigne. Leçon numéro une sur CS:GO : ne pas s'attaquer à Ninjas in Pyjamas. Au terme d'un match épique, les Fnatic, futurs champions du premier Major, réalisent l'exploit de battre NiP en prolongation. Si tout avait pu se passer normalement, il semblerait que les deux camps ne s'appréciaient guère suite à des échanges assez tendus sur internet. MODDII, JW et schneider ont particulièrement été vocaux durant le match avec un flot d'insultes dont il n'est pas nécessaire de comprendre le suédois pour évaluer la véhémence. 


"Alors les gars, comment va-t-on foutre le bordel aujourd'hui ?"

Les Fnatic se sont attirés les foudres du public lorsque nos confrères de HLTV.org ont publié la fameuse vidéo "post-victoire" où on les voit refuser catégoriquement de serrer les mains de leurs adversaires. Un manque de respect aberrant qu'ils regretteront plus tard. Le mal était cependant déjà fait. Et le nombre de "pouces rouges" sur la vidéo parle de lui-même encore aujourd'hui. 

Fnatic toujours, le "boostgate" a marqué à jamais l'histoire de cette équipe et plus généralement de Counter-Strike. Ce quart de finale de la DreamHack Winter 2014 face aux futurs vainqueurs français de chez Team-LDLC restera dans les annales. Les coéquipiers de Vincent "Happy" Cervoni sont à trois rounds du dernier carré après un match épique. Les Fnatic décident alors de tenter le tout pour le tout avec un boost repéré sur une vidéo YouTube quelques semaines auparavant. Une courte échelle qui permet aux Suédois et à un certain Olof "olofmeister" Kajbjer de renverser complètement le court du jeu jusqu'à remonter et remporter la rencontre. C'est le drame. 

Les centaines de milliers de téléspectateurs sont aussi déconcertés que les joueurs LDLC eux-mêmes. Très vite, les premières critiques tombent. Ce boost très puissant divise l'opinion. D'un côté ceux qui le défendent et prêchent le génie des Fnatic, de l'autre, ceux qui y voient l'utilisation anti-sportive d'une technique qui n'a pas sa place dans le jeu. De réclamations en réclamations, les débats enflammeront les réseaux sociaux jusqu'à pousser le hastag #fnatic en tendance mondiale sur Twitter. Ce n'est que le lendemain à 14h30 que les Fnatic déclareront forfait face à un public en furie, laissant les LDLC aller décrocher le premier Major pour la France. 


Revivre l'affaire du "boostgate". Merci RoomOnFire.

Le cheat est peut-être le sujet de discussion preféré de la communauté après la couleur des chaussettes de n0thing. Pour autant, il reste tabou dans le cercle très restreint des joueurs professionnels. Valve n'aidant pas vraiment de ce côté-là, de nombreuses zones d'ombre autour de certains cas alimentent encore aujourd'hui les débats. Quand le joueur allemand Anil "cLy" Gülec a été rattrapé par la patrouille durant l'été 2014, nul ne pouvait imaginer le terrible séisme qui allait frapper la planète Counter-Strike quelques semaines plus tard. 

Trois jours avant le début de la DreamHack Winter 2014, un autre joueur germanique est banni. Simon "smn" Beck se rajoute à la longue liste des Allemands repérés pour tricherie. Nous autres Français n'avons pas attendu pour le faire remarquer à nos voisins d'outre-Rhin. Il n'y a qu'à voir les commentaires sur l'article dédié. Et comme si une divinité avait décidé de nous punir pour notre vanité, voilà que deux joueurs professionnels français sont bannis la veille du Major suédois. Hovik "KQLY" Tovmassian et Gordon "Sf" Giry ont vu leur carrière au haut niveau terminée en l'espace de quelques minutes. 

En plus du choc d'apprendre le bannissement de joueurs d'un tel calibre ayant gagné de grandes compétitions par le passé, c'est leur contexte respectif qui a particulièrement marqué les esprits. Quand le premier a appris la nouvelle au milieu de ses coéquipiers chez Titan en pleine gaminghouse, le second avait déjà préparé ses valises pour Jönköping. Double peine pour leurs équipes, Titan et Epsilon, qui en plus de perdre un joueur, en plus d'être humiliées sur la place publique, ont été disqualifiées du Major avant même d'y avoir posé le pied. Outch. 

supex0 or not supex0 ?

Dans le même temps, une chasse aux sorcières incroyable (et parfois très stupide) s'est déployée. Des tonnes de démos et de VOD ont été décortiquées et chaque mouvement suspect de n'importe quel joueur, fut-il champion du monde ou non, a fait l'objet d'importantes discussions. Robin "flusha" Rönnquist a particulièrement été visé durant plusieurs semaines. Une espèce de paranoïa générale a conquis le monde de CS:GO dont le cercle très fermé des grands joueurs. Certains n'ont pas caché avoir des soupçons sur d'autres. Ce phénomène qui avait alors une grande ampleur a forcé les organisations à mettre en place toutes les mesures anti-cheat devenues désormais des standards à chaque événement. 

La saga autour de Julien "area" Dubois a également fait couler beaucoup d'encre. C'est simple, il a été le meilleur joueur ayant jamais touché Counter-Strike chez Buykey en début d'année 2013. A l'époque, l'équipe tricolore de second rang parvenait à obtenir des matchs d'entraînement contre les imbattables Ninjas in Pyjamas. Les Suédois en ont encore mal à la tête. Le bougre a gardé toutes ses démos et a créé sa fragmovie vue près d'un demi-million de fois sur Youtube. Vous n'avez jamais vu un CS:GO aussi maîtrisé. 

Et le gars ne s'est pas arrêté à l'internet puisqu'il s'est ramené en lan, plus précisément à l'Epsilan 10, pour faire taire les soupçons. Bien que les VeryGames de ScreaM et kennyS ou les imG de shox étaient présents, inutile de vous dire qu'ils n'étaient pas les joueurs avec le plus de spectateurs derrière eux. La lan n'avait qu'un seul oeil porté vers le joueur de chez Buykey. Et il est vrai qu'il a été impressionnant là aussi, alors a-t-il vraiment triché en lan devant les meilleurs joueurs du pays ? On ne le saura de façon certaine sûrement jamais. Quoi qu'il en soit, la légende de la machine à headshots a pris un coup dans l'aile en 2015 lorsqu'area a écopé d'un bannissement par VAC. Plus de deux ans après ses coups d'éclat incroyables mais forcément très suspicieux. Finalement, il a bien fait de refuser une place au sein de Team-LDLC...


Si les Ricains passaient plus de temps en DM que sur csgogamblingdebile.com, certains seraient champions du monde

En intégrant un véritable marché au jeu et en créant une vraie devise à travers les skins, Valve aurait pu se douter que certains brigands allaient s'intéresser de près à ce magot d'un genre nouveau. CS:GOLounge a brassé des millions de skins et de dollars durant ses trois ans d'activité. Un business extraordinairement profitable, et qui plus est facile à mettre en place, ayant ouvert la voie à de nombreux autres sites de casinos. Le phénomène du "gambling" a longtemps été une gangrène au sein de la communauté qui s'en est pris d'une passion folle. 

Sans le moindre cadre juridique, sans la moindre protection d'une quelconque institution, la bulle allait forcément exploser. Un journaliste d'investigation, un arnaqueur ultra célèbre et un site de gambling véreux utilisé par des milliers de personnes. Voici le cocktail explosif qui a mis au jour des pratiques scandaleuses ayant profité à une poignée de vautours aux dépens de milliers de quidams dont beaucoup étaient mineurs. L'affaire PhantomL0rd a conduit à la chute du gambling après les révélations d'un Richard Lewis impeccable sur ce coup. 

L'affaire a été longue et complexe. Un groupe s'est constitué aux Etats-Unis pour amener Valve devant la justice et questionner son rôle dans tout ce brouhaha. Ou plutôt son absence de rôle car c'est finalement son indifférence générale face à ce sujet que beaucoup reprochaient à l'éditeur. Une telle menace de la part du public a poussé Valve à prendre une décision brutale (comme d'habitude) mais semble-t-il nécessaire : les sites de gambling ont reçu l'interdiction d'utiliser l'API Steam, primordiale à leur bon fonctionnement.

Autant dire qu'en l'espace de quelques jours, cette décision a permis la fermeture de nombreux sites de casino. Depuis, si le phénomène existe toujours, il est clairement moins présent, moins opressant. Et fiou, ça fait du bien. 

Quand la valeur des skins dépassait l'enjeu d'un match, certains joueurs professionnels ont eu les yeux plus gros que le ventre. Avec CSGOLounge, il semblait si facile de parier des centaines d'euros de skins sur un adversaire, puis perdre exprès pour récupérer le pactole. Le nombre de matchs en ligne sans réel enjeu ouvert aux paris sur CSGOLounge était impressionnant et la tentation de se faire de l'argent facile a été trop forte pour quelques équipes. 


Un plus gros gâchis que toutes les parts de pizzas que tu as jeté dans ta vie car tu n'avais plus faim

En 2015, lorsqu'il a été révélé que des joueurs nord-américains évoluant chez iBUYPOWER avaient intentionnellement perdu un match en ligne sans intérêt sportif dans le but de récolter des milliers de dollars de gains misés sur l'équipe d'en face, le scandale a été tout simplement énorme. Son impact a été immense. Les défaites louches ont automatiquement été suspectes, la colère de la communauté a résonné sur les réseaux et Valve a mis une énorme gifle à tous les fautifs pris la main dans le sac tout en prévenant les éventuels futurs fraudeurs. 

Les joueurs iBUYPOWER et Epsilon qui faisaient alors partie de la crème de la crème et qui ont été reconnus coupables de "throw", ont été bannis à vie des compétitions organisées par Valve. Un geste spectaculairement fort de la part des développeurs qui ont clairement voulu faire de ces deux cas un exemple pour l'avenir. Une telle sanction est-elle justifiée ? Le débat est ailleurs mais reste toujours d'actualité et forme une des ramifications contemporaines de ce scandale ayant éclaboussé le monde de CS:GO il y a maintenant plus de deux ans et demi. 

La professionnalisation du milieu et l'argent mis en jeu ont verouillé une scène qui au début de son histoire se cherchait encore des règles et des exemples sur lesquels s'appuyer. Le sport électronique ressemble de plus en plus à son grand frère, le sport dit "traditionnel". Les prochains scandales concerneront encore et toujours des salaires impayés, des problèmes contractuels lors de transferts de joueurs ou des conflits d'intérêts de plus en plus suspects. Le tout saupoudré de centaines de milliers voire de millions de dollars qui serviront aux médias généralistes pour titrer leurs papiers. 

Le scandale a cette facette intrasèque à toujours surprendre, à toujours visiter les domaines de l'impensable et de l'imprévisible. Autant dire que la presse à scandales a encore de beaux jours devant elle.

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