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ESWC 2006 : La destinée d'un pionnier (3/3)

Partie 1 : Et Bercy découvrit l'esport

Partie 2 : BTB, WebOne et atLanteam à l'assaut du monde

Partie 3 : La destinée d'un pionnier

 

Dans quelques semaines, le palais omnisports de Paris-Bercy accueillera le 19ème Major de l'histoire de CS:GO, organisé par BLAST. Et tout le monde trouvera ça normal. Parce que l'esport est plus visible que jamais, qu'il a déjà investi des dizaines d'arènes prestigieuses à travers la planète, et que même Bercy commence à être habitué aux fans de jeux vidéo dans ses gradins.

Il y a 17 ans, rien de tout ça n'était vrai. Les jeux vidéo n'étaient pas encore pleinement démocratisés et l'esport faisait ses gammes. Ça n'a pas suffi à effrayer l'ESWC. Pour son édition 2006, le plus célèbre des tournois tricolores se paie Bercy et fait entrer Counter-Strike, Quake et autres Gran Turismo dans un lieu unique, qui n'avait jusque-là jamais entendu parler de sport électronique.

Derrière ce pari un peu fou se trouve une entreprise, Games-Services, maison-mère de l'ESWC, embarquée cette année-là dans son aventure la plus ambitieuse. Se cachent aussi des joueurs, joueuses, admins et autres journalistes qui se souviennent tous de cette édition en avance sur son temps, marquée par les "BTB !" qui descendent des gradins, les pom-pom girls, les médias généralistes intrigués par tous ces écrans et les couloirs labyrinthiques d'une salle bien trop grande pour l'esport de l'époque.

Ils racontent leur ESWC 2006, celui où Bercy découvrit cet univers.

Avec, dans leur rôle original :

  • Matthieu Dallon, président de Games-Services
  • Jean-Christophe "Syam" Huwette, salarié de Games-Services
  • Jonathan "lepolac" Skrzypek, admin Counter-Strike
  • Nicolas "gOrdi" Loisel, rédacteur chez *aAa*
  • Antoine "FistOr" Descamps, moviemaker chez *aAa*
  • Marc "bisou" Naoum, joueur et leader chez WebOne
  • Steeve "Ozstrik3r" Flavigni, joueur chez WebOne
  • Thomas "bk" Belhassen, joueur chez atLanteam
  • Mathieu "Maniac" Quiquerez, joueur chez FRAGBOX
  • Sandrine "MiTsu" Avedissian, joueuse et leader chez BTB

 

10. "Il était tellement en avance sur son temps, même si ça n'a pas été
la grande réussite que tout le monde attendait
"

Matthieu Dallon : À l’époque, on n’a pas rempli Bercy. On a quand même eu pas mal de monde, mais sur tout le volume horaire qu’on a couvert, on a vécu une production dans un Bercy quasi-vide. Pour plusieurs raisons : d’abord parce que 20 000 places, c’est costaud à remplir, et puis parce qu’on était sur un événement qui était live de 10h jusqu’à 22h.

gOrdi : C’était vraiment mitigé quand j’y repense. En plus, c’était sur plusieurs jours, donc les premiers jours de semaine, il n’y avait presque personne dans les gradins, c’était désert.

FistOr : En semaine, les gens sont en cours, ils travaillent, c’est normal ce que soit vide. Pour moi, ça caractérise l’ESWC à Bercy : un truc vide. Même quand c’était rempli, c’était vide. Le truc le plus hype, c’était la finale CS des filles, et c’était très loin d’être plein.

Mais c’était cool. J’ai d’autres bons souvenirs, plus lié au fait que t’es chez *aAa*. On se disait rédaction indépendante, mais mine de rien on était liés à une équipe, donc on avait des relations avec certains joueurs. Et l’ESWC 2006, c’est un bon souvenir sportif pour *aAa* parce qu’on a fait un carton. Je me souviens de la victoire de Spank sur PES, c’était super cool. Brak [qui fait des vidéos avec Spank aujourd’hui] était à la rédac’ avec nous, c’est rigolo de voir des mecs qui ont un peu percé sur le YouTube game, le Twitch game. Et surtout, la victoire de Winz à Quake 4 !

gOrdi : La finale de BTB, parce que c’étaient des Françaises et qu’elles ont gagné, il y avait un peu plus de monde, mais Bercy était loin d’être plein. C’était à moitié plein, et encore. La finale CS, ils ont pas eu de bol, ça a été expédié 16-6, il n’y a pas eu de match. C’étaient des Suédois contre des Brésiliens, si on avait eu des Français en finale, peut-être qu’on aurait eu un peu plus d’ambiance, mais là, bof. Sur les autres finales, Quake, PES, c’était pas fou.

C’est là où on s’est tous dit « ok, ils ont fait le pari, mais les gens sont pas prêts, ils ont pas répondu présent ». Quand t’arrivais le premier jour, que c’était vide, tu te disais « putain, si c’est plein, ça va être fou », mais ça l’a jamais été. Ils étaient trop en avance, c’est vraiment ce que je pense. S’ils l’avaient fait cinq ans après, au moment où StarCraft explose, peut-être qu’ils arrivaient à remplir. Mais là, non, et c’est le gros problème.

FistOr : C’était un peu « ça passe ou ça casse ». Bon, ça a plutôt cassé. C’était pas raté mais c’était trop grand, trop en avance. Bercy, c’était le plus ambitieux que j’ai vu de « l’ancienne époque », pré-StarCraft II.


Il y avait des endroits plus remplis que d'autres (photo : *aAa*)

gOrdi : C’était trop ambitieux trop vite mais la vision était la bonne, c’est ce qu’on a commencé à voir cinq, six ans plus tard.

bisou : Je pense pas que c’était trop tôt. Pour moi, c’était une suite logique de commencer à faire des événements comme ça. C’était à faire et ça aurait mérité mieux. Sans l’ESWC et tout ce qu’ils ont fait, l’esport en France ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui.

Syam : Ça n’a pas l’air plein sur les images parce que Bercy, c’est très grand, et c’est dur de remplir 16 000 places, surtout à l’époque ! Donc on a l’impression qu’il n’y a pas tant de monde que ça, alors qu’en fait si, il y a énormément de monde, même si c’était très loin de remplir la capacité de la salle.

bk : La salle n’était pas pleine mais j’ai le souvenir de beaucoup de public. Le point de vue n’est pas le même parce que quand tu es dans le public, tu regardes autour de toi et tu vois les rangées du haut pas pleines, donc peut-être que pour eux, ça semblait vide. Mais nous, vu d’en bas, quand tu fais tout le tour, tu as l’impression qu’il y a énormément de monde. Et puis tu te balades en dehors, les gens t’accueillent, te demandent des autographes, c’est une expérience, c’est à vivre.

Syam : Les joueurs faisaient face aux gradins les plus remplis, ils étaient un peu aveuglés par les éclairages, donc ils ne voyaient pas forcément les virages de Bercy qui étaient trop loin, personne n’allait là-dedans. Et ils étaient un peu trop focus sur leur jeu, donc pour eux, forcément, c’est des souvenirs incroyables.

bk : C’est unique. J’ai jamais eu l’occasion de revivre ça. J’ai fait énormément de tournois, mais de cette envergure, c’était le meilleur. Après, j’avais pas non plus une grosse expérience internationale, donc je saurais pas vraiment comparer avec ce qui se faisait à l’inter’, j’en avais fait quelques-uns mais pas suffisamment. Mais de mes tous mes tournois, c’est celui dont je garde un meilleur souvenir, notamment dû au public qui est derrière toi, qui t’encourage, ça te booste.

Surtout, il faut bien situer le moment : on est en 2006, les jeux vidéo n’ont pas la même notoriété qu’aujourd’hui. C’est en plein développement, c’est les prémices. Du coup, avoir un tournoi de cette envergure, c’était quelque chose. Aujourd’hui, il n’aurait pas le même impact. Pour l’époque, c’était quelque chose parce que des tournois comme ça, il n’y en avait pas non plus 36 000.

MiTsu : Ça n’a jamais été la même chose parce que c’était le cadre qui était exceptionnel : le fait d’être à Bercy, d’être autant soutenue par autant de gens... En 2007, beaucoup de spectateurs déjà là en 2006 sont venus nous encourager, mais pas autant qu’à Bercy. La salle n’était pas la même, le budget, l’organisation... C’était pas aussi grand.

FistOr : Il y a eu des moments cools, ça reste une compétition CS, c’était le rendez-vous de l’année. Mais j’ai préféré 2005, 2007, les Masters 2008. L’ESWC 2008 à San José, j’en ai même un meilleur souvenir alors qu’il n’y avait pas un chat. Mais c’est aussi le voyage et le fait qu’on était super potes avec les emuLate, donc on avait un peu l’impression de faire partie de l’équipe.

gOrdi : Les belles années de l’ESWC, c’est vraiment de 2003 à 2007. 2008, c’était cool parce que c’était en Californie et on a tous kiffé faire le voyage. Mais l’événement en lui-même... Les très belles années, c’est 2003-2007, avec 2006 qui aurait dû être le pic, mais à moitié réussi. Il était tellement en avance sur son temps, même si ça n'a pas été la grande réussite que tout le monde attendait. Ça a quand même été unique pour son époque et ça l’ait resté quelque temps.

Syam : On était crevés et contents. C’était un gros événement, le plus gros. 2005 avait déjà été gros, avec une finale de malade, mais 2006 nous a laissés un goût encore plus somptueux. C’était encore au-dessus, grandiose. On a vécu des matchs incroyables. Tant qu’on n’est pas dans les rangements des cartons et des camions, on redescend pas, l’alcool aidant !

Matthieu Dallon : D’une manière générale, quand t’es organisateur d’un événement, t’es quand même le moins bien placé pour en profiter. Mes premiers souvenirs, de manière un peu floue, c’est des souvenirs de souffrance, de fatigue, de stress...

Au regard de mon expérience de production, ce qui compte le plus, c’est le démarrage. C’est hyper-important. Tu sais quasiment sur les premières heures de ton tournoi, quand les joueurs arrivent et que tu commences les premiers matchs, si ça va le faire ou si tu vas courir après les problèmes. Sur Bercy, on a beaucoup souffert sur le montage. Il y avait des fuites, de l’eau qui coulait du plafond – ça a été refait depuis. Il y avait plein de problèmes de sécurité parce qu’il y a des sous-sols qui sont très ouverts. T’avais des gens qui rentraient la nuit, on s’est fait voler du matos. Le montage et la sécurité, ça a été un enfer.

Et puis quand les joueurs sont arrivés dans la salle, je me souviens qu’ils étaient stupéfaits, sciés. Ils se disaient « on va jouer là, avec du public, ça va être ouf ». Et effectivement, quand il a commencé à y avoir un peu de public, notamment sur le dimanche, l’ambiance était vraiment sympa.


Matthieu Dallon dans ses oeuvres (photo : *aAa*)

bisou : Cet ESWC, il est tout en haut, évidemment. Il est dans mon top 3, facilement. Mon top 1, c’est la première fois où je vais faire un tournoi européen, avec *aAa*. J’avais 18 ans, je les intègre et on va à la CPL Cologne, en 2002. On finit deuxième, on a fait quelque chose de grand. Une équipe française qui finit deuxième d’une CPL, c’est pas commun. Et je pense que je deviens le joueur que je suis grâce à ce tournoi. Après, t’as la CPL Winter 2006, parce que c’est les gagnants des CPL, c’est comme un Major d’aujourd’hui. Et t’as bien sûr Bercy. En termes de vécu sur scène, il est unique. C’est les trois qui m’ont le plus marqué.

Ozstrik3r : En tant que joueur, je le mets dans mon top 2. C’est en France, c’est à Paris, mais en termes de résultats, on n’est qu’en deuxième phase de poules. Par contre, j’ai fait la CPL Winter [2006] à Dallas, donc les finales CPL où il y avait toutes les plus grosses équipes, et on fait demi-finalistes. C’est une des plus grandes performances françaises, donc celle-là restera mon top 1.

Maniac : L’ESWC fut ma première expérience internationale et le plus grand tournoi auquel j’avais jamais participé. Je me souviens de la salle, surtout en tant que spectateur, parce qu’autant dire que j’ai vite quitté le tournoi, mais je me souviens me dire « wow, l’esport ça peut être ça ? », car pour moi à l’époque ce n’était qu’une passion, un attrait pour la compétitivité.

Je pense quand même que les WCG Seattle [en 2007] m’ont plus impressionné à cause du dépaysement. C’étaient mes premiers vols en avion, ma première visite aux USA, tout était gigantesque. Je ne pense pas pouvoir être objectif dans ma comparaison car à cet âge-là, un voyage aux US balaie tout.

lepolac : 2006, peut-être un de mes meilleurs souvenirs, parce que c’était mon premier gros événement, et puis quel événement, dans Bercy ! C’était une première sur beaucoup d’aspects.

Avec le premier ESWC sur CS:GO aussi, en 2012, parce que c’était pas facile, c’était un jeu nouveau avec plein de bugs. Tous les joueurs CS se disaient que c’était un peu la porte de sortie. CS était en train de s’essouffler, donc il fallait réussir à produire un événement sur ce jeu, continuer à relancer la scène. On a beaucoup travaillé dessus, j’en suis assez fier.

Syam : J’en ai deux en haut du panier. Je saurais pas dire lequel j’aurais préféré revivre tellement les deux étaient extraordinaires. L'ESWC 2003, parce que c’était la première fois. C’était un Woodstock du jeu vidéo. Il y avait quelque chose d’inédit, de jeune. Il y avait des trucs dans tous les sens, beaucoup d’anecdotes, des trucs incroyables avec des grands joueurs de l’époque... Les communautés se croisaient, se mélangeaient, discutaient, faisaient la fête ensemble. C’était le truc extraordinaire à cette époque-là. Et après, 2006, parce que c’était énorme, gigantesque, le plus intense. Hors norme.

gOrdi : Et puis il y avait l’afterparty ! Les gens de l’ESWC, ils étaient quand même hyper cools, ils savaient mettre tout le monde bien et ils aimaient faire la fête. Ça reste un de mes événements préférés, de très loin.

Syam : À partir du moment où y a de l’alcool et des joyeux lurons, c’est toujours bien réussi ! Je ne me souviens pas avoir vécu une soirée post-ESWC vraiment nulle. Elles ont toutes été chouettes. Et Bercy, il y avait une saveur un peu particulière.

Matthieu Dallon : Je n’ai pas de regrets, ce serait horrible de vivre avec ! Je trouve ça génial qu’on ait réussi à faire tout ça. Je ne sais pas combien on était à bosser sur un projet comme ça, plus de 200. Je m’étonne moi-même quand je regarde en arrière. S’il fallait le refaire aujourd’hui, j’aurais peur ! Je ne suis pas sûr de le refaire. Ou alors, comme j’ai conscience des moyens nécessaires, pourquoi pas mais avec des budgets de dingue. Mais je ne regrette rien, c’était fantastique.

 

11. "On arrivait d’une année sur l’autre à tenir,
jusqu’à ce qu’on ne tienne plus, en 2008
"

Syam : 2006 n’a pas posé de problème de trésorerie, c’est une année qui a été rentable, si je ne me trompe pas. Je me souviens de voir les différents associés plutôt contents de cette opération. C’est après que ça a été très compliqué. Et en 2008, il y a eu la crise. 

Matthieu Dallon : En 2007, on rediscute avec Nvidia et ils nous disent « on va monter en puissance, il faut que vous veniez aux États-Unis faire votre événement ». On dit « ouais, super idée ». On commence à bosser avec eux, et puis en fait ils nous disent qu’ils feront leur événement en 2008 et qu’ils ne peuvent pas nous accompagner en 2007. Donc cette année-là, j’ai perdu Nvidia, j’ai pas de gros sponsor titre et j’ai dû faire un événement avec beaucoup moins de moyens qu’en 2006. J’arrive tant bien que mal à avoir Orange et la Région Île-de-France notamment, qui permettent de boucler le budget.

Donc on a fait un truc un peu plus roots en termes de dispositif, à la Porte de Versailles. Ça restait un bel événement. Je trouve d’ailleurs qu’en termes d’énergie, de qualité d’organisation et de puissance de l’ambiance, 2007 était un cran au-dessus. Il y avait beaucoup plus d’ambiance, sur la finale Pentagram [TaZ, NEO, kuben, Loord, LUq] - NoA [zonic, ave, Sunde, mje, hpx] par exemple.

gOrdi : 2007, c’était quand même pas mal, surtout qu’il y a eu la finale mythique entre NoA et Pentagram. C’était une finale de dingue [16-5 / 18-22 / 16-9 pour Pentagram], je pense que les gens avaient encore un bon souvenir de celle-là.

lepolac : L’ESWC 2007 à Versailles, il y avait une finale CS magnifique, avec une ambiance où le public était une partie intégrante de ce qui se déroulait, avec une énergie folle.

FistOr : Cette finale, c’est mon meilleur souvenir d’esport. C’était incroyable. Au final, quand tu compares à 2007, 2006 était vraiment naze au niveau ambiance. NoA-Pentagram, c’était une ambiance de feu. J’avais l’impression d’être dans un match de foot. Après la finale, j’étais en mode « c’est ça l’esport, ils ont trouvé la formule ! » Et en fait, ça a un peu été la descente aux enfers après.

C’est pas parce que tu fais Bercy que ton truc va magiquement être cool. On le voit bien avec tous les événements de sport au Qatar : c’est pas parce que t’as la plus belle infrastructure du monde que tu vas créer une culture du sport, des supporters, etc. C’est pas comme ça que ça marche.


Une salle pleine pour l'ESWC 2007

[En 2008, l’ESWC organise deux événements : une édition Masters, plus petite, de nouveau à Bercy ; et l’édition traditionnelle, délocalisée aux États-Unis, à San José.]

lepolac : 2008 à Bercy, plus de contrôle. Un peu plus rôdé, le set-up était différent : il y avait la grande scène mais les joueurs CS étaient dans une autre salle, donc c’était un peu plus silencieux, un peu mieux pour les joueurs.

Il y a toujours une dualité dans ces événements-là, l’expérience spectateur versus l’expérience joueur. Et malheureusement, ces deux-là clashent un petit peu : les joueurs veulent être tranquilles, mais les spectateurs veulent être avec eux. Donc ça a toujours été compliqué de gérer l’accès au public, l’accès aux joueurs... Et les plannings : quand on est sur des grandes salles comme ça, on leur dit « on est tel événement d’esport, il faut qu’on opère de 8h à 22h », et on va nous répondre « jamais de la vie, personne ne fait ça ! »

Syam : En 2008, c’était un peu un hors-série. Je ne suis plus sur la réal’, j’y suis revenu en 2011, au premier Paris Games Week. Cette seconde édition a été faite dans une formule un peu différente. Il n’y avait plus ce ring central. C’était une scène assez sympa, qui ressemble un peu à ce qui se fait aujourd’hui, en plus petit. Tout le monde est du même côté. Je pense que c’est un choix pour dire « le ring c’était chouette, mais ça éparpille un peu les spectateurs, et ceux qui se retrouvent dans les virages sont très loin ».

Donc il y avait un double intérêt : densifier le public – c’était réussi, ça faisait de belles photos – et, derrière la scène, avoir un salon qui peut évoluer indépendamment de ce qui se passe sur scène. Parce qu’en 2006, c’était compliqué de faire un ring avec un show alors qu’il y a différents compétiteurs sur différents tournois qui essaient de faire leurs matchs, et se retrouvent avec des milliers de personnes qui crient « BTB ! » à côté !


De retour à Bercy en 2008, avec une salle scindée en deux

Matthieu Dallon : En termes de spectacle ou de scénographie, Bercy, il y a deux manières de le prendre : soit tu fais une scène centrale, soit tu coupes la salle. Quand on l’avait refait en 2008, on avait coupé la salle pour faire une scène de face, avec un public beaucoup plus concentré sur un tiers de la salle, façon concert. La ZeratoR Cup qui a rempli Bercy [sur Trackmania, en juin 2022], ils ont refait un set-up avec un ring central. Une super scène, avec un mur d’images au sol et les voitures. C’était vachement bien.

À mon avis, BLAST a un set-up sur lequel ils ont quand même investi, ça m’étonnerait qu’ils réinventent tout uniquement pour Bercy. En 2023, ils devraient faire une scène de face, ça paraît logique. J’ai beaucoup de respect et d’admiration pour ce qu’ils font. Et il y a probablement de l’innovation avec BLAST.tv qui arrive. J’espère en tout cas qu’avec le Major, ils vont pouvoir proposer des expériences de stream différentes de ce qu’on peut avoir avec Twitch. J’attends de voir, mais je pense qu’ils ont raison d’aller sur ce terrain-là. Ça pourrait aussi être un marqueur important de l’évolution de l’esport et de la manière dont on le regarde, parce que Twitch n’a pas du tout évolué en dix ans.

FistOr : 2008, j’y étais avec FlouChy [autre moviemaker d’*aAa*]. Ça n’avait rien à voir, ils avaient clairement retenu les leçons du passé. Ça n’avait pas du tout la même structure et le même fonctionnement. Ils ont repris un format beaucoup plus classique des anciens ESWC : une zone joueurs dédiée, où le public et les journalistes n’ont pas accès, et une seule scène qui tournait toute la journée. Comme une Gamers Assembly en fait. Il y avait peut-être autant de monde, mais qui était concentré sur la partie scénique, et du coup c’était blindé. Trackmania, il y avait une grosse ambiance, c’est une communauté rigolote.

Je me souviens que j’avais suivi emuLate aux Masters. En plus, c’était rigolo parce qu’à l’époque, FlouChy avait une entorse et se baladait avec une canne. On essayait de filmer et c’était l’enfer pour lui ! J’ai de très bons souvenirs de ces Masters 2008.

bisou : En 2008, je jouais déjà plus trop et on m’a proposé de venir, je sais plus pourquoi [chez Get2Gev : bisou, MoMaN, mshz, MystiQ, Matz]. On perd 14-16 en poules contre mTw, grosse équipe de l’époque [zonic, ave, Sinde, whip, mJe, futurs vainqueurs du tournoi]. Mais j’avais à moitié arrêté le jeu. T’es pas avec ton équipe pour gagner : t’essaies d’aller le plus loin possible, c’est pas pareil.

gOrdi : À San José, c’était un gros retour en arrière. C’était dans une énorme convention Nvidia où il y avait une lan. T’avais plusieurs halls et dans le dernier, c’était l’ESWC. T’avais une scène, qui était pas trop mal mais loin d’être grandiose. Le tournoi avait été réduit en termes de durée. En gros, c’était une grosse lan avec une scène. Dans le public, il devait y avoir 200 ou 300 sièges, et je crois que ça n’a jamais été plus qu’à moitié plein.


Changement d'ambiance à San José (photo : HLTV)

Matthieu Dallon : On a la possibilité d’aller faire les Finales aux États-Unis, en Californie, avec Nvidia qui organise son Nvision, son grand événement annuel. Ils nous disent « venez sur le marché américain, ça va être génial, vous allez trouver plein de sponsors ! » Pendant un an, on prospecte, en vain. Par contre, on s’était engagés à faire l’événement là-bas, donc on le fait aux États-Unis. Nvidia assume, ils nous ont pas lâchés, mais on n’a pas réussi à boucler le budget et on a fini en liquidation. Ça a été l’enfer.

Il y avait aussi un contexte de crise mondiale, aux US en 2008 puis en Europe en 2009. Toutes les boîtes ont dévissé en Bourse, elles ne mettaient plus de budget dans le sponsoring. Plein d’événements sportifs n’ont pas eu lieu à ce moment-là. C’était pas que nous, c’était général.

Le modèle économique de l’ESWC à l’époque, c’était à peu près 20 % de revenus sur la marque ESWC licenciée à travers le monde. L’opérateur chinois payait par exemple 10 000 ou 20 000 dollars, selon les tailles de marché, les sociétés avec lesquelles on travaillait, etc. Ensuite, il y avait 70 % de sponsoring, et peut-être 10 % de billetterie, de merchandising et de trucs marginaux. Donc c’était essentiellement du sponsoring, des marques qui paient pour être associées à ton programme de communication, avoir un stand, des droits sur les images, les produits, etc.

La billetterie, c’est totalement marginal sur les recettes. Déjà, en gros, la moitié des places, c’est des invitations ou des places gratuites. Ça a été vrai pendant longtemps et ça l’est toujours sur la plupart des événements. Tu vas pas prendre de risque sur le fait qu’il n’y ait pas de public, à un moment donné il faut aussi un volume de gens qui viennent sur invitation. Tu ne peux pas compter que sur la billetterie payante. Et même avec ça, si tu vends 10 000 places à 15 euros, ça te fait que 150 000 euros. Sur ces années-là, pour le budget de Games Services, il fallait qu’on trouve entre 2 et 2,5 millions tous les ans – ramené à des prods d’aujourd’hui, c’est ridicule – pour pouvoir payer toute l’équipe, encadrer les préliminaires, faire la Coupe de France, l’événement final... Donc en fait, la billetterie, c’est rien là-dessus.

gOrdi : Après, l’ESWC a plutôt réduit la voilure : le prizepool en 2006 était énorme, et ensuite ils n’ont fait que réduire [160 000 $ en 2006, contre 76 000 $ en 2007 et 79 000 $ en 2008]. Ça donne clairement l’idée que ce moment-là, c’était le pic de la première génération de l’esport, en tout cas pour la France. Derrière, tout s’est un peu dégradé jusqu’au début des années 2010, ou ça a repris un second souffle.

Matthieu Dallon : Toutes les années 2000, que ce soit Ligarena ou Games-Services, on était toujours sur le fil. On n’avait jamais levé suffisamment d’argent pour faire ce qu’on voulait, donc on essayait toujours de boucler le budget pour être à l’équilibre et ça passait tout le temps au ras des pâquerettes. On arrivait d’une année sur l’autre à tenir, jusqu’à ce qu’on ne tienne plus, en 2008. Mais sur les années d’avant, toujours ricrac, en faisant des économies de bout de ficelle, en payant les prize money d’une année sur l’autre parce que les sponsors nous payaient avec six mois de retard, et ainsi de suite. C’était la réalité d’un truc très précaire.


Voilà, c'est fini (source : *aAa*)

Syam : On était dix salariés à l’époque, peut-être onze. On était multi-casquettes. C’était pas gros mais on était vraiment très soudés. C’était une petite boîte, qui n’avait pas les mêmes budgets qu’aujourd’hui. Je faisais un peu de tout : du graphisme, de l’administration de serveurs CS – je développais notamment un outil de gestion qui est l’ancêtre de l’eBot. Il y avait beaucoup de boulot, mais il y avait des gens à l’extérieur qui ont toujours suivi l’ESWC, dès le début, pour faire des choses et nous aider.

J’étais un p’tit jeune, je devais avoir 25 ans quand j’ai commencé à bosser chez Games-Services. C’était ma deuxième expérience d’entreprise, la première étant une salle de jeu en réseau qui s’appelait Ultimagate. C’était la plus grande d’Europe, avec 400 machines. Le truc a duré six mois et ils ont mis la clé sous la porte.

Je suis resté jusqu’à fin 2008. J’ai fait le Masters et l’édition aux États-Unis, et j’ai posé ma démission parce que c’était très compliqué de faire l’aller-retour à Paris régulièrement. J’ai commencé en distanciel, ensuite j’étais obligé d’être constamment sur place, mais ma vie était dans le Nord, à Lille. Au bout d’un moment, j’étais un peu crevé de faire deux fois l’aller-retour par semaine et de subir les aléas de la SNCF.

Matthieu Dallon : La grosse différence avec les années 2010, et notamment la naissance des clubs professionnels tels qu’on les connaît aujourd’hui, c’est qu’il y a des investisseurs qui sont entrés et ont investi beaucoup d’argent, à perte, dans des clubs ou des tournois. Comme BLAST, qui a levé des fonds pour se développer. Ils ont accepté de perdre beaucoup d’argent pour pouvoir créer une marque, un environnement. Ça, ça n’existait pas sur les années que j’ai connues avec l’ESWC. Il n’y avait pas ces investissements, donc il fallait boucler le budget.

Aujourd’hui, il y a beaucoup plus d’acteurs qui ne le bouclent pas et tournent à perte. Ça a été le cas de BLAST et ça l’est toujours un peu, ça a aussi été le cas d’ESL pendant des années. Ils vivent d’investissements privés, de gens qui envisagent ensuite de céder la société à d’autres acquéreurs. Quand Savvy, le fonds d’Arabie Saoudite, rachète ESL, tous les investisseurs d’ESL ont été contents. MTG a été très content de payer les pertes pendant des années parce qu’ils ont fait x10 à l’arrivée. Ça n’existait pas à mon époque, sur les premières années.

 

12. "Il y a quelques domaines comme ça qu’on peut trouver,
dans une vie, dans une carrière, où on peut avoir la chance d’être
là assez tôt, au bon endroit au bon moment
"

MiTsu : Je pense vraiment que cet ESWC 2006 a contribué à arriver là où ça en est aujourd’hui, j’en suis convaincue.

bisou : T’imagines si une équipe française gagne à la fin là-bas ? Pour les filles, après leur victoire, il y a eu des tremplins marketing. Si une équipe masculine gagne, ça peut être quelque chose. Combien de fois des gens sont venus me dire « on était fans de toi » ? Aujourd’hui encore, alors qu’ils ont 30 balais et que j’en ai 38 ! Ils te parlent d’événements comme ça, ça leur a donné envie de jouer. Des jeunes joueurs se sont identifiés, ont rêvé de ce genre d’événements. La scène de l’esport en France est ce qu’elle est grâce à ça.

Et moi, si je suis ce que je suis aujourd’hui, c’est grâce à CS. Te battre pour obtenir les choses, parce qu’à l’époque on se battait, il n’y avait rien d’acquis. Il n’y avait pas les réseaux sociaux où tu pouvais te faire un nom comme ça. Le mec d’Hostile-Records, je l’ai rencontré dans un cercle de poker sur une table à 500 euros. On a discuté, il m’a dit « viens me voir à mon bureau », je savais pas du tout qui c’était. Tu te battais, tu faisais preuve de caractère, de calme. C’est une bonne école, l’esport.

Je pense qu’il faudrait retourner sur ces bases, avec les jeunes d’aujourd’hui qui veulent se mettre dans l’esport. De ce que je vois, de ce dont on m’a parlé et de comment c’est, je pense que ce serait bien de remettre des bases comme on avait à l’époque. On galère tous ensemble, on change pas tous les quatre matins. Il faut arrêter avec ces histoires de FACEIT, d’elo... Les gens pensent qu’en pug, ils sont trop forts parce qu’ils ont 4 000 d’elo, mais ils savent juste mettre des têtes. À l’époque, un manque de communication chez un joueur, ça n’existait pas. Ça ne pouvait pas exister. Je trouve que c’était une belle école de vie et ce serait pas inintéressant de repartir là-dedans. Pour qu’un arbre se porte bien, il faut que la racine soit nickel.

FistOr : J’ai fait Katowice sur CS:GO, quand les Polonais ont gagné, en 2014. C’était un truc de fou, très impressionnant. Quand j’ai vu ça, je me suis dit « c’est vraiment devenu tout ce qu’on espérait à l’époque ».

Syam : On était pionniers, il n’y avait pas de modèle avant nous. On partait pas tout à fait de zéro parce qu’on avait l’expérience des trois éditions précédentes, mais sur une aussi grande salle, c’est un nouveau défi, de nouvelles contraintes, de nouvelles inconnues...

lepolac : Je suis fier de par l’impression d’avoir participé à quelque chose de gros, même si ma contribution n’est pas énorme non plus. Mais oui, j’ai le sentiment d’avoir appartenu à une sorte d’épopée. C’est peut-être un grand mot, mais il y a un peu de ça quand même. Je trouve qu’il y a quelques domaines comme ça qu’on peut trouver, dans une vie, dans une carrière, où on peut avoir la chance d’être là assez tôt, au bon endroit au bon moment.

Et d’avoir défendu des gens qui ne se ménagent pas. Pour le staff de l’époque, physiquement et émotionnellement, c’était très chaud. On rentrait d’un ESWC, il fallait une bonne semaine pour récupérer parce qu’on dormait pas beaucoup, on courait partout. Surtout, il n’y avait pas de chemin tracé. Il y a beaucoup de choses où on tirait les leçons à la volée. Il n’y avait pas de guide puisqu’on essayait des choses pour la première fois. On inventait au fil de l’eau.

Syam : Quand on est pionnier de quelque chose, c’est toujours trop tôt. C’est quelque chose qui se répète souvent dans l’histoire. Souvent, les pionniers ne sont pas ceux qui profitent de ce qui se passe par la suite. Ils ont ouvert la voie mais trop tôt, et ils n’ont pas les reins assez solides pour continuer d’exister. On a ouvert la voie et les générations suivantes ont repris le relais. Et ça, c’est cool. Ça fait quand même plaisir de se dire qu’on n’a pas fait tout ça pour rien, que ce n’est pas oublié.

Parce que ça aurait pu l’être, le jeu vidéo aurait pu ne pas percer plus que ça en France. À l’époque, c’était une petite communauté. Quand j’en parlais autour de moi, personne ne connaissait, ne savait ce que c’était. Aujourd’hui, avec tous les moyens de diffusion qu’on a, Twitch, YouTube, les influenceurs, c’est incroyable. Il suffit de dire « je vais faire une compétition de F1 avec des gamers », et c’est parti. Et ça fait des audiences qui dépassent parfois celles de la télé.


17 ans plus tard, Bercy sera-t-il rempli pour le Major de Paris ? (photo : *aAa*)

Matthieu Dallon : Je crois qu’il y a 300 tournois par an avec plus de 100 000 $ de prize money, quelque chose comme ça. Donc tu as à peu près cinq ou six tournois par week-end de plus de 100 000 $. C’est pas tous des arènes ou des salles de spectacle, mais quasiment toutes les semaines, si tu regardes tous les jeux, il y a un événement esport avec une scène de dingue.

Maniac : Je n’étais pas un expert de l’écosystème en 2006, mais je peux imaginer qu’il est bien plus fort et fourni maintenant, et que donc il est plus simple de remplir des salles. C’est un ensemble de choses : viewership, sponsorship, historique des tournois, etc. On est à des années-lumière maintenant d’où on était il y a 17 ans, et c’est un plaisir.

Syam : La dernière fois que je suis passé chez Freaks 4U, ils étaient en train de regarder un Major sur CS, et j’étais bluffé par le niveau de réalisation atteint aujourd’hui. L’évolution a continué, c’est propre, il y a des outils pros dans tous les sens. J’étais impressionné de revoir ces images-là. C’est un peu la vision que j’avais, à mon niveau, d’une réalisation CS, sans savoir quels outils allaient exister demain et quelles auraient été les possibilités. Valve a fait un énorme et superbe travail sur son moteur, qui permet aujourd’hui de faire plein de choses : des statistiques, des plugins, etc.

Matthieu Dallon : Je pense que l’histoire n’est pas finie. Je fais plein de choses hyper-intéressantes aujourd’hui. Je fais exactement ce dont je rêve : j’ai monté un fonds d’investissement dédié au financement de start-up innovantes. Je suis animé exactement par la même chose que lorsque j’avais fait le HUD pour CS en 2006 avec Jean-Christophe [Syam] : je cherche l’innovation dans l’esport. Je suis dans des boîtes qui font de l’anticheat sur de l’analyse de datas d’actions homme-machine, dans une agence qui gère la carrière de ZywOo et des meilleurs joueurs de la planète, au capital d’un jeu en VR, EVA, qui est encore en train de pousser les frontières de l’esport...

Je suis hyper-content d’avoir l’expérience que j’ai pu acquérir dans ces années-là, peut-être parfois avec un peu d’inconscience, d’amateurisme et pas toujours les moyens de mes ambitions. En tout cas, sans ça, je n’aurais pas eu le recul nécessaire, le réseau, les contacts, la vision pour faire ce que je fais aujourd’hui.

Donc je ne regrette rien, et encore une fois l’histoire n’est pas finie. Peut-être qu’un jour, je reproduirais des événements esport, parce qu’il y a plein d’innovations et de choses à inventer. Qu’est-ce qui est nouveau finalement depuis ces années-là ? Pas ouf, le renouvellement. Je trouve d’ailleurs qu’il y a moins de créativité qu’à l’époque. C’était plus facile, on était quasiment les premiers, mais ça tourne un peu en rond en termes de set-up.

C’est anecdotique mais quand j’étais jeune, j’étais fan de Jean-Michel Jarre, je trouvais ça dingue quand il faisait des concerts sur les pyramides en Égypte. À un moment donné, pourquoi est-ce qu’on ne pousse pas les limites de l’esport par là-bas ? Pourquoi est-ce qu’on ne fait pas des événements simultanés partout sur la planète pour que l’empreinte carbone soit peut-être un peu différente ? Pourquoi est-ce qu’on ne réinvente pas complètement la manière dont on stream les jeux ? Pourquoi est-ce qu’on ne s’intéresse pas à l’holographique sur la représentation, plutôt que de travailler qu’en 2D ? Il y a énormément de choses à faire. Aujourd’hui, je suis concentré à la tête d’un fonds d’investissement, je fais plein de trucs géniaux, mais ça ne veut pas dire que je ne referais pas ça dans quelques années.

Merci à tous les intervenants interviewés pour avoir bien voulu replonger dans leurs souvenirs.

Merci à *aAa* pour toutes les photos d'archives.

Merci à Elnum pour la bannière.

 

Partie 1 : Et Bercy découvrit l'esport

Partie 2 : BTB, WebOne et atLanteam à l'assaut du monde

Partie 3 : La destinée d'un pionnier

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